Tous les soirs jusqu'à la victoire! [Connor]

Avec un petit soupir résigné, Olivia se laissa choir dans un canapé bleu de sa salle commune et s’y étendit de tout son long en une position avachie qui ne lui ressemblait pas. L’air vague, elle fixait du regard les constellations et les planètes qui scintillaient doucement au plafond, comme si celles-ci possédaient les réponses qu’elle cherchait. Franchement, elle était dégoûtée et se sentait totalement démunie, une émotion des plus démoralisante. Que pouvait-elle faire, se demanda-t-elle en observant Betelgeuse, Rigel, Pollux... Celles-ci, cependant, demeurèrent muettes. Résignée, Olivia se fit la réflexion qu'elle était bien sotte de contempler ainsi la voûte céleste. Nulle formule miracle n’était jamais tombée du ciel: elle seule pouvait vraiment répondre à ses questionnements.

Quelque chose la travaillait, la chicotait, l’agaçait. Une énigme récurrente qui revenait la hanter chaque fois qu’elle passait devant les immenses sabliers de métal où on totalisait le pointage de la coupe des quatre maisons. Toute cette histoire la dépassait totalement. Comment était-il seulement concevable qu’une maison réputée pour accueillir en son sein non seulement les plus grands esprits logiques de Poudlard, mais des intellectuels au jugement lucide, des élèves assoiffés de connaissances et bourrés de sagacité, bref comment était-il possible que cette maison ne soit pas bonne première au classement ? Cette idée même, celle que sa maison ne soit pas gagnante, obsédait Olivia. Il semblait pourtant si peu plausible, impossible même, que ce ne soit pas le cas. Face au snobisme des serpents, à l’exubérance des lions, la passivité des blaireaux, les aigles avaient décidément toutes les cartes en main pour accéder à la réussite, non ? Et pourtant, année après année, ils s’inclinaient lamentablement, battu à plate couture par les autres maisons. Quel affront ! Quelle injustice ! C'était à n'y rien comprendre...

Soit, se dit Olivia, résolue, elle était préfète cette année, non ? C’était donc sa responsabilité de redresser les choses. Cette année, ce serait différent! Puis, on n’arriverait visiblement à rien en soupirant et se lamentant sur son sort comme elle le faisait présentement. Elle se redressa d’un bloc, les muscles tendus, soudainement prête à tout pour changer les choses. En avant vers la victoire ! Elle pouvait déjà goûter à la douce sensation de triomphe de voir les aigles s’envoler au loin avec le trophée des quatre maisons, sous l'air piteux des autres élèves. Bien fait pour eux, elle n'en avait cure: cette année serait son année! Allez, l’olive, à l’action ! Chaque geste comptait, même le plus petit. D’ailleurs, n’était-ce pas Connor qu’elle apercevait tranquillement installé à la table d’étude là-bas? Il semblait très occupé à elle ne savait trop quoi qui le faisait sourire tout seul dans son coin... Ses propres lèvres s’étirèrent dans un rictus carnassier. Le destin avait frappé et Bailey serait le premier pion qu'elle ferait avancer sur l’échiquier de la conquête.

Le jeune garçon n’était pas méchant, loin de là, Olivia le trouvait même plutôt sympa. Mais il accumulait les gaffes, surtout en cours de potion. À cause de lui, les points pour serdaigle partaient en une fumée amère avec chaque chaudron qui lui explosait au visage. Comment, se demanda Olivia, contrôler la maladresse de son camarade pour qu’il conserve plus de quelques heures les points qu’il accumulait en Étude des Runes ? Elle fit claquer sa langue contre son palais et secoua imperceptiblement la tête, faisant sautiller ses bouclettes. C’était évident, voyons ! Selon toute vraisemblance, le problème de Connor, c’est qu’il était trop stressé. Le stresse était un vrai fléau chez les aigles qui recherchait les bons résultats, et Olivia savait les erreurs qu'il poussait à commettre. Connor n'était qu'une victime parmi tant d'autre et la nervosité lui faisait s’emmêler et commettre les pires gaffes. Mais qu’à cela ne tienne ! Olivia avait l’arme idéale pour éradiquer la nervosité. Que Bailey se prépare, car il avait une nouvelle entraîneuse sur le dos à partir de pas plus tard que tout de suite.

«Dit, Connor, tu as des vêtements de sport?»

La jeune fille s’étira avec une grâce féline. Du genre grand félin carnassier guettant sa proie. Oh! Le pauvre ne se doutait pas de ce qui l'attendait. Mais ce n'était qu'un petit sacrifice pour son bien-être personnel et pour la gloire de Serdaigle.

« Enfile vite un truc confortable et viens me rejoindre ici. Tu m’avais l’air bien tendu en cours de potion tantôt. Assez pour que ton chaudron se mette à fondre après une erreur de calcul dans les ingrédient, non? T’en fait pas, j’ai une solution pour toi.»

Tout sourire, s’emparant du bras de Connor qu’elle se mit à tirer pour le forcer à se lever et à la rejoindre, Olivia ajouta, fière d’elle :

«Toi et moi, on va se faire une petite séance de yoga.»

Oh la la:

La journée de cours avait été des plus instructive. Un changement dans mon emploi du temps faisait qu'à présent mes deux cours préférer était réunis le même jour. Métamorphose le matin et Sortilège en soirée, quoi de mieux pour me ravir, je vous le demande. Eh bien pas grand chose. Le cours de métamorphose avait une fois de plus été très intéressant, nous avions en effet commencé à étudier un sortilège capable de transformer un simple caillou en oiseau. Inutile de vous parler de la complexité d'une telle tache. Métamorphoser un objet inanimé en créature vivante était quelque chose de fort ardu. Et la compréhension de la formule l'était tout autant. Puis en sortilège, nous avons commencé l'apprentissage d'un sortilège fort bien utile. Le sortilège du bouclier d'argent, qui lui aussi s'avère d'une complexité sans pareilles.

J'entrais donc dans la salle commune après cette longue journée, décidé à réviser mes sortilèges, tant celui de métamorphose que celui du cours de sortilèges, je m'assis à une table reculée du reste des élèves pour trouver le calme et sortis mon manuel de sortilège. Je le posais sur ma table dans un bruit sourd dû au poids du grimoire et l'ouvris à la page qui m'intéressait. Je me mis alors à lire la description de la formule, puis ensuite à répéter le geste. Et enfin le moment venu et tant attendu celui de lancer le sortilège. En cours, le professeur nous avait vivement conseillé de nous entraîner à le lancer pour être près au prochain cours et, je comptais bien y arriver.

Je pris donc ma baguette magique et réalisais une fois de plus le mouvement pour être certains de le faire correctement et, puis, enfin me lançais...

Argaminis!

Un simple jet d'étincelle sortis de ma baguette, mais aucun bouclier magique n'apparus. Il semblerait que ça allait être un peu plus compliqué que je ne le pensais. Une fois de plus j'agitais ma baguette en prononçant la formule et une fois de plus rien ... Je pestais dans mon coin me maudissant de ne pas réussir à lancer se maudit sortilège. Je replongeais alors mon nez dans mon bouquin et relus attentivement la description. C'était pourtant ce que je faisais à la lettre... Quoi que... Par Morganne ! Connor, tu es idiot, tu as oublié une partie du geste. Je me redressais alors fier d'avoir trouvé le problème et m'apprêtait tout sourire aux lèvres à lancer mon sortilège, mais je fus interrompus par Olivia qui s'approcha de moi en me demandant si j'avais une tenue de sport. Je sursautais en entendant sa voix et me retournais d'un geste vif.

Par Morganne, ça ne va pas la tête ?

Je posais ma baguette magique sur la table tout en reprenant mes esprits.

Une tenue de sport ? Bah, j'ai ma tenue de Quidditch... Ou ma tenue d'entraînement pourquoi ?

Elle m'attrapa alors par le bras pour que je la rejoigne, me demandant de vite aller passer une tenue plus confortable. Pour faire du ... Yoga ? Qu'est-ce que c'était encore que ce truc ?

Du Yoquoi ? C'est quoi pour une bizarrerie ton truc ?

Olivia écouta Connor râler d’une oreille distraite. Franchement, elle ne voyait pas ou était le problème. Une séance de yoga gratos avec une professeur drôle et qualifiée, n’était-ce pas ce que tout le monde recherchait ? Elle lui faisait un joli cadeau, à son avis ! Elle le regarda se redresser. Bon, pas de temps à perdre avec des broutilles comme des vêtements de quidditch. Et puis après, c’était bien trop rigide et inconfortable ! Un équipement épais et lourd pour un sport qui l’était encore plus… Diantre qu’elle détestait le quidditch! Elle secoua la tête en faisant danser ses bouclettes pour se changer les idées. Pense Zen, Olivia, pense yoga.

Du Yoquoi ? C'est quoi pour une bizarrerie ton truc ?

La jeune fille se retourna d’un bloc, outrée. Pardon ? Une bizzarerie? Pardon ? Il ne savait pas ce que c’était que le yoga ? Respire, Olivia, respire. Son ignorance excusait un peu son manque d’enthousiasme initiale se dit-elle et cette pensée la ragaillardi. Un large sourire étira ses lèvres.

Ah! J’oublie que tu es né dans une famille de sorciers ou à peu près… Et surtout j’oublie à quel point le monde sorcier et le monde modus sont deux entités distinctes qui ne se mêlent que très peu. Pourtant, je suis certaine que si on poussait la recherche, on découvrirait que le yoga vient d’un mage à l’origine. Comment avoir découvert un tel exercice d’alignement de chakras, éléments magiques à la base de la pensée ésotérique hindouiste, sans avoir déjà été initié à la sorcellerie ? Je dois vraiment me pencher sur cette question, moi… Bref c’est très populaire chez les moldus, il y a des centres partout. Il existe plusieurs type, le Hatha est le plus populaire, mais je préfère Jnana dont le but est d’atteindre la connaissance transcendante. C’est pour ça que...

Elle se mis à déblatérer tout en faisait virevolter sa baguette dans les airs. D’un simple geste du poignet elle repoussa table et divan afin de leur aménager un coin de la salle commune qui soit confortable et assez vaste pour leurs simagrées. Ensuite, elle modifia les vêtements de Connor pour les rendre temporairement souples et extensibles. Bon, le sortilège était loin d’être parfait – les habits eux-mêmes encore mois- et il risquait à tout moment de s’estomper, mais c’était mieux que rien. Elle-même portait heureusement déjà une tenue adéquate sous sa robe et fût prête en peu de temps. Elle s’installa debout face à Connor, prenant bien soin de laisser une distance adéquate entre leur corps.

Fait comme moi Connor, tu vas voir, c’est super relaxant ! Parfait pour déstresser !

Ne prenant même pas le temps de réaliser qu’elle ne lui avait toujours pas expliquer concrètement en quoi consistait le yoga, elle s’étira avec grâce, faisant jouer avec plaisir les muscles de son corps. Les paupières closent, ne doutant pas une seconde que Connor l’écouterait et l’imiterait à la lettre, elle étira les bras de part et d’autre de son corps avant de les faire remonter tranquillement au-dessus de sa tête. Lors que ses mains se touchèrent elle roula des épaules pour les faire descendre le plus possible, alors qu’elle poussait avec ses mains vers le ciel. Tout était dans l’opposition, dans la tension des muscles à la limite du confortable.

Aller, on commence par une salutation au soleil. C’est easy-peazy-lemon-squeezy.

Elle entrouvri une paupière

Surtout, n’oublis pas de respirer comme il le faut, Connor.

Spoiler: