« Dis Mimi, pourquoi tu pleures ? Tu pleures parce que t'es moche, dis ? » Questionnait une Pan qui tentait malencontreusement de rentrer dans un lavabo qui n'était même pas assez grand pour y laisser passer une fesse (mais qu'est-ce qui était assez large pour les fesses de Pandora Young ? Ma bite).

Le petit Gryffy n'allait pas tarder à arriver, et pour lui faire une blague, la blondinette voulait se cacher. Mais où se cacher, dans cette marre de toilettes individuelles ? Vraiment, il fallait faire des lavabos plus gros, ou des Pan plus petites. Ah ça non ! Elle qui mesurait déjà un mètre cinquante savait très bien que plus c'était petit, plus c'était mignon; mais elle n'était jamais tombée amoureuse d'une miette et pourtant Merlin sait que c'est que la beauté et la mignonneté qui comptent sauf si t'as un bon boule et dans ce cas là ça passe direct.

Et si elle devait être une miette, autant ne pas se mouiller la mie de pain à essayer de rentrer dans le conduit d'évacuation ! La sorcière se retira doucement du lavabo (si doucement qu'elle en tomba à la renverse). A plat par terre sur son petit ventre, la demi-vélane sentit soudainement un liquide lui couler dans le dos. De l'eau. Quelqu'un avait-il ouvert l'eau ? Ou était-ce qui l'avait déréglé en s'appuyant dessus de toutes ses forces ? Etrange !

La jeune fille tenta vainement de se relever, mais l'eau qui lui coulait dessus depuis un petit moment (le temps de réaction de Pan n'avait jamais été aussi vif -_-) jonchait à présent le sol l'empêchant de se relever convenablement. Elle gesticula tant qu'elle put pendant quelques minutes, avant de se retourner sur le dos. Ce n'était pas l'idée du siècle (alors que pourtant, elle était si intelligente) : elle avait tellement bougé que l'eau n'arrivait plus à son ventre comme c'était prévu mais sur son visage.

Ca y était, c'était la fin de Pandora Young, encore une qui allait finir noyé sous les coups de Lavamoche, le lavabo maléfique. Alors qu'elle battait des mains et des pieds (c'était inutile, mais était-ce une raison pour arrêter), une ombre fantômesque apparut aussi d'elle.

« JE PLEURE parce que TOUT LE MONDE est méchant avec moi ! Même toi ! PANDORA YOUNG ! » Les sanglots translucides de Mimi n'arrangeaient rien à l'inondation que la pauvre blondie était en train de subir. HELP ! « TOI ! Je pensais que tu serais gentille vu ce que tous les élèves disent sur toi, mais tu es comme les autres ! PARS ! PARS ! »

Pan aurait aimé pouvoir lui dire qu'elle tenait à elle et qu'elle tenait en même temps à ce qu'elle lui donne le nom de "tous ces élèves" sur une feuille de papier toilette pour qu'elle puisse s'essuyer avec, mais Pan aurait aimé pouvoir rester en vie.
La rouge et or s'accrocha au rebord et tira de toutes ses forces. Sans trop savoir comment, elle referma le robinet. Elle essaya de se relever totalement mais sa tête heurta le bord du lavabo, et son corps se répandit sur le sol à nouveau. Les yeux fermés, une très probable bosse sur le front, la lionne tentait vainement de définir où se trouvait Mimi; même assommée Pan n'aimait pas les gens tristes.

« Mimi, c'est-c'est Mimi. Comme prénom. Myrtle c'est ça ? Moi c'est Pandora, on m'appelle Pan. Pan c'est pas Mimi. Tu as de la chance, Mimi c'est Mimi. Et en plus ça rime avec pipi au lit et ravioli. » La fantômette semblait de plus en plus déconfite. « Et Mimi ça rime avec joli ! Tandis que Pan ça rime avec dégoûtant, mais ça rime aussi avec ravissant. Tu sais, moi j'aime bien les raviolis. Je t'en ramènerais une boite un jour, on fera des Mimis au ravioli. Ou l'inverse ! »

La cinquième année ne savait pas trop si elle avait redonné le sourire à la morte, mais en tout cas le sien était réapparu (mais peut-être n'était-ce qu'un effet secondaire du coup sur la tête). Pataugeant dans l'eau (regarde Mimi comme j'imite bien la grenouille, REGARDE REGARDE), la gamine finit enfin par se relever comme elle le put.

« Tu penses vraiment que je suis jolie ? » La petite acquiesça de la tête. « Tu es peut-être gentille... Peut-être. Alors ! » Mimi approcha son visage, tout près de celui de Pan Young qui était partie en pause pipi. « Quels sont les potins ? » Sa soudaine apparition surpris tellement Pan qu'elle glissa de la cuvette et retrouva son beau sol froid et humide. « Qu'est-ce que la Bouffonne Gryffonne va donc me raconter aujourd'hui ? »

Pan n'avait pas grand chose à dire. Il fallait signaler quand même que la vie allait mieux depuis quelques temps. Pendant sa grande période de solitude, Pan avait consacré la plupart de son temps libre à rendre visite à Mimi (développant une vessie hors-norme) et à traîner dans sa salle commune, jouant à "qui shoutait le mieux dans les devoirs de ses petits camarades" (façon si on travaille c'est qu'on appartient pas vraiment à Gryffy nananèreuh Hermioneuh) jusqu'à ce qu'elle se fasse virer. Elle passait plus de temps dans ces mêmes toilettes qu'à dormir; il fallait croire que le charme de vélane avait des protections anti-cernes et anti-gueules de bois. Le charme de vélane, c'était quelque chose. Pan venait de commencer à en comprendre les effets les plus néfastes. Embrasser, divorcer, se rater; tout ça, c'était son quotidien.

« Je crois que c'est Gryffonne Bouffonne. » Rectifia la jolie demoiselle. « Pas grand chose, tu sais, je n'ai jamais eu une très bonne mémoire, c'est pour ça que je ne vais pas en cours, ce n'est pas juste pour les autres. » Pan n'avait pas compris son propre raisonnement, mais apparemment Mimi non plus, alors ça allait. « Pas grand chose. » Se répéta-t-elle alors qu'elle sortait finalement des WCs. « J'attends un garçon, il ne devrait pas tarder à arriver. Je pensais qu'on pouvait traîner tous les trois. Tu dois le connaître, c'est Roman Wojchien ! »

Le sang de Mimi ne fit qu'un tour (s'il eut été possible qu'il en fasse déjà un). Elle voletait et tournoyait désormais où elle le voulait, certainement bien heureuse de cette démonstration d'affection particulière de ce qu'elle jugeait comme une gamine beaucoup moins en harmonie avec soi-même qu'elle.

« TU VEUX M'HUMILIER, PANDORA YOUNG ? Regarde-moi, je ne suis même pas... » Les larmes aux yeux, Mimi jeta un coup d'oeil à son reflet. « Non ça va. » Oups. Une connexion venait de se faire dans le cerveau gelé de Mimi Geignarde. « Wojchien ?! Comme Wojciech ? Roman, tu dis ? » La conversation s'était décidément changée en interrogatoire. « Ohoh Pandora Young ! Mais pourquoi n'as-tu pas commencé par ça ?! Comment est-il ? Il est mignon ? Vous vous êtes embrassés ? C'est le frère de Dry ? Tournent-ils la langue du même sens ? Lequel est le plus beau ? Si le petit frère est aussi mignon que l'aîné, j'ai hâte de le voir ! Oh, PAN ! » De joie, Mimi traversa le corps de la dénommée Pan. Extrêmement désagréable, mais ne voulant pas la vexer d'avantage, l'élève la laissa continuer dans sa lancée. « C'est donc une affaire de famille ! Je-veux-tout-savoir ! »

Pan restait bouche bée. Elle avait une bosse sur le front, le pantalon couvert de deux liquides qu'elle ne voulait pas nommer (oui mais aussi Mimi si tu me fais peur pendant que je fais pipi...), les cheveux mouillés, et le coeur souillé. Pan ne sortait pas avec Roman, pas plus qu'elle n'accordait d'attention au morceau de papier toilette collé sous sa semelle. Et zut. Pan eut à peine le temps de se recogner une nouvelle fois la tête contre le robinet avant de parvenir à formuler une phrase correcte.

« Non non non ! » Se justifia Pan. Elle pointa du doigt l'entrée qui donnait à voir un troisième année couvert d'aucune substance douteuse. « Mimi... Il est là ! »