Cendrillon pour ses quinze ans est la plus jolie des enfants.

Les Poufsouffles. Que dire d’eux. Gabrielle regardait avec tendresse les doux, les tendres blaireaux vaquer à leurs occupations, faire semblant de lire un livre d’images au coin du feu, reprisé une chaussette à petits cœurs et chanter des comptines. Bienheureux les Poufsouffles dont le plus gros problème semblait de réussir à ne pas mettre de miettes de gâteaux dans leur peignoir en pilou-pilou.

— Aaaah…, soupira Gabrielle devant ce merveilleux tableau.

Côtoyer des Poufsouffles était si apaisant. Elle avait bien fait d’arracher le mot de passe à ces adorables créatures. Ennis sa bien-aimée ne pouvait de toute façon pas lui dire non. Elle la regardait d’un œil maternelle attablée à écrire sans doute une belle lettre d’amour ou une gentille liste de course.

Mais ce soir elle n’était pas venu pour sa petite génisse, ce soir elle s’occupait d’une autre Poufsouffle qui, par Merlin, avait grandement besoin de Gabrielle.

— Allez Vicky assez flâné ! Ordonna Gabrielle en toute mauvaise foi, direction la salle de bain, ça ne va pas se faire tout seul !

Elle donna une grande claque dans le dos de son amie Weasley pour la pousser vers la salle de bain des filles, le showroom de la Elliott Corp, la pièces des miracles qui ferait pâlir de honte la salle sur demande.

— OK Victoire Weasley à nous deux ! Dit Gabrielle en claquant la porte derrière elle.

Elle avait écrit sur un parchemin « Ne pas déranger ! » et avait mis une assiette de bonbons à l’entrée histoire de détourner l’attention des éventuels gêneurs.

— BON ! Ma petite Vicky tu as bien fait de faire appel à mon agence de relooking parce que bon sang quelle gâchis de beauté tu me fais là. Oui je vais être dure mais désolé, il faut bien que quelqu’un sois franc et, en tant que Serpentard, je consens à ce rôle.

Elle porta une main à son cœur, histoire de lui prouver toute son implication.

— Tu es belle mais tu ne te mets pas en valeur ! Et c’est mal ! Il ne faut pas se reposer sur ses acquis mais toujours viser plus haut ! Et c’est pareil dans la vie ! Je crois ! Je m’égare !

Gabrielle racontait n’importe quoi, dans son délire. Elle prit sa cliente par les mains, la fit s’asseoir sur un tabouret et planta son regard dans celui de la Poufsouffle.

— Pour bien faire mon travail j’ai besoin que tu me dises pourquoi tu as besoin d’un relooking. C’est pour plaire à un garçon ?

La Elliott Corp n’est pas gratuite petite innocente ! Gabrielle se voyait bien payée en confidences.

Victoire n’était pas bien sûre de comment « Gabrielle, j’aime beaucoup ton foulard » avait pu se transformer en « Gabrielle, j’ai vraiment besoin que tu me relookes. »
Ce qui était sûr, c’est qu’une fois la machine Elliott Corp lancée, elle n’avait pas eu le coeur à essayer de l’arrêter. Et puis après tout, ça pouvait être amusant. Elle ne détestait pas passer du temps avec la jolie et espiègle Serpentard. A croire que Victoire avait un penchant pour les personnes bien plus intéressantes et charismatiques qu’elle.

Alors quand son amie s’était imposée dans la salle commune des jaune et noir, Victoire avait tout d’abord trouvé la situation amusante, rafraichissante. Puis elle avait commencé à s’inquiéter lorsqu’elle avait compris que Gabrielle comptait réellement la rhabiller des pieds à la tête.
Est-ce qu’elles ne pouvaient pas plutôt se peindre mutuellement les ongles, à la place ?
 Apparemment, non. Elle se laissa séquestrer dans la salle de bain commune, et assoir de force sur un tabouret, ne pouvant guère faire plus que regarder sa maîtresse-gourou avec des yeux qui imploraient sa pitié.

« Pour bien faire mon travail j’ai besoin que tu me dises pourquoi tu as besoin d’un relooking. »

En voilà une bonne question. En avait-elle réellement besoin ? Si elle devait se comparer à la jolie Gabrielle, oui. C’était evident que Victoire pouvait faire un effort et essayer d’être au moins aussi élégante qu’elle.

« C’est pour plaire à un garçon ? »

Cette question prit Victoire par surprise. Elle ne put refréner son regard fuyant celui de Gabrielle, ni empêcher le rose de lui monter aux joues.

« Pour me plaire à moi-même, » répliqua-t-elle pour changer le sujet. « J’en ai assez de ressembler à une gamine. »

Son regard toujours évitant celui de Gabrielle, elle fixait ses mains qui étaient posées docilement sur son jean clair. Elle allait le faire. Elle allait sortir de sa zone de confort et laisser Gabrielle s’occuper d’elle. Elle allait se laisser transformer et ne plus rougir comme une enfant dès que l’on parlerait de garçon devant elle. Après tout, pourquoi pas ?
Elle releva finalement le menton et lança à son amie un demi-sourire hésitant.

« Tu crois que tu peux me donner l’air aussi confiante et mature que toi ? »

Est-ce que les flatteries fonctionnent sur Gabrielle ? Par Merlin oui. Elle avait la classe et se l’entendre dire était tout de même la moindre des choses. Gaby était absolument convaincue de la bonne foi de Victoire quand celle-ci disait vouloir lui ressembler.

— Très bien j’ai compris ! Tu peux dire adieu à la petite Victoire qui porte des colliers nounours et des collants petits chats pour laisser place à… Sexy Vicky. Oui ça sonne bien mieux, approuva Gabrielle vis-à-vis d’elle-même.

L’avis de sa cliente ne lui intéressait pas tellement.

— Tu portes toujours des vêtements gentillets, passe-partout, analysa Gabrielle, oh ce n’est pas un mal mais ENFIN ! Nous n’avons que le week-end pour s’habiller comme on veut, fait en sorte de sortir du lot s’il te plaît.

C’était tout de même une analyse simple. Petite Victoire, il faut saisir la moindre parcelle de liberté avec les dents et si l’école t’autorise à quitter l’uniforme montre leur de quoi tu es capable ! Gabrielle ouvrit son sac à dos où elle avait miniaturisé un tas de vêtements déjà pas bien grands. Elle s’appliqua à leur rendre leur taille normale et les disposa en face de Victoire.

— Et toi qui a du sang de vélane tu n’as aucune excuse pour ne pas montrer à tout le monde à quel point tu es belle !

Notez tout de même que Gabrielle n’était pas jalouse et qu’elle souhaitait pousser les talents de ses copines. C’était là peut-être le début d’une qualité humaine.

— Toute la semaine on est cloitrée dans des uniforme noires tristes alors le week-end on met de la couleur et on cintre !

Elle lui colla une mini-jupe en jean et un débardeur moulant bleu électrique (pour aller avec ses yeux) et lui intima de se changer. Sexy Vicky la créature de Frankeingab était sur le point de se réveiller !

Tétanisée par un manque total d’assurance, Victoire osait à peine approuver d’un mouvement de tête les paroles de Gabrielle.
C’est vrai qu’elle s’habillait passe partout. C’est vrai qu’elle n’était pas originale. Elle était en train de se demander pourquoi lorsque son amie mentionna son sang de Vélane, et Victoire réalisa que c’était sans doute ça la réponse : elle était tellement loin d’être à la hauteur de sa demi-Vélane de mère que mieux valait ne pas du tout se faire remarquer du tout. Elle serait vraiment risible de croire qu’il en était autrement. Sauf que Gabrielle semblait penser le contraire.

Victoire regarda —non sans une certaine boule au ventre— la tenue choisie par sa relookeuse en chef. C’est que c’était… non, elle n’allait pas finir sa pensée, elle n’allait pas s’arrêter au fait que ce soit vraiment court et juste suivre les conseils de son amie qui n’avait en tête que son bien et qui, elle, contrairement à Victoire, avait une idée de ce qu'elle faisait.

Victoire se glissa dans une cabine de douche, se changea —elle avait plutôt l’impression de se mettre en bikini qu’en véritables vêtements de la vie de tous les jours— et en ressortit, droite comme un piquet, les poings serrés et le visage encore plus pâle qu’à l’accoutumée.

Elle croisa son reflet dans un miroir. Si ces vêtements étaient déjà courts sur Gabrielle, alors sur Victoire et ses jambes immenses, c’était encore tout autre chose. Elle imaginait déjà un abruti de Serpentard —qui heureusement, se rappela-t-elle, n’était plus à l’école— qualifier sa jupe de raz-la-Salle-Commune.

« Tu… tu es sûre Gabrielle ? » fit-elle en tirant inconfortablement sur le bas de sa jupe. « J’ai l’impression que c’est pas vraiment ma taille. »