Ariane Marjorie Knight pour "Mazette, gazette !", le journal fait par les étudiants et pour les étudiants ! Aujourd'hui, sur place pour le festival annuel de la musique, notre journaliste nous raconte en détail les évènements très prisés auxquels elle a eu la chance d'assister. Le groupe phare de la soirée vient tout juste d'annoncer sa rupture prochaine, aussi peut-être est-ce leur dernier concert, le concert qu'il ne vous sera jamais donné de voir ? Quelle chanceuse, Knight !

Ari secoua ses boucles brunes avec amusement. "Quelle chanceuse Knight" était-elle donc ! Il était vrai qu'avoir le droit d'être présente lors d'une telle fête était un grand honneur, celui d'être la dernière interviewer du groupe encore plus. Il fallait dire que l'Université Magique Académique avait vraiment du succès ! Mais la jeune femme se sentait un peu gênée de se voir attribuer cet article, surtout pour une personne qui écoutait surtout de la musique moldue...

Et cette fête, de part le ruissellement de Whisky Pur Feu et les étincelles qui jaillissaient des baguettes des fans hystériques, était typiquement sorcière. Les sortilèges cinglaient dans le ciel et Ari priait pour éviter une douche de bièraubeurre comme elle ne les connaissait que trop bien. Mais ils n'étaient pas énormément à la rédaction, encore moins à pouvoir garder son sérieux lors d'un évènement si important pour être pris à la légère.

Oui, Ari n'était pas là pour s'amuser et abreuver sa gorge de délicieux liquides, elle était là pour honorer l'université d'articles riches et fondamentalement intéressants, pour prendre des photos et ennuyer le groupe avec ses questions le plus possible. Et évidemment, repartir avec un autographe à son nom et un baiser sur la joue dont elle ne parlerait à personne. Le groupe semblait déborder, aussi était-ce sûrement pour ça qu'il y avait deux autres bandes pour s'occuper de sa première partie...

Ce concert promettait d'être long pour la reporter. Long, mais intéressant, comme un cours d'histoire de la magie - sauf à Poudlard, là les cours étaient seulement longs - alors Ariane Knight s'empara de son bloc-notes, son morceau de réglisse sans sucres (comment écrire lorsque le sucre vous colle aux doigts) et tâcha de se mettre au travail depuis la place qu'elle avait réussi à dégoter.

Une bonne place, en somme. Suffisamment devant pour pouvoir décrire avec exactitude les accords du guitariste principal et assez sur le côté pour ne pas se prendre le son en pleine tête. Le comité de l'université avait dû se battre pendant presque un an, mais ça en valait la peine.

Cette soirée ressemblait à s'y méprendre à une soirée idéale. Le soleil couchant, les premières notes qui s'annonçaient et l'odeur enivrante du travail qui emplissait ses narines... Une belle soirée, un bel article, une belle université : une belle vie ?

ARI 2020:

L’avantage, quand on ne joue qu’en première partie de la première partie, c’est que la fosse est considérablement moins peuplée en début de soirée que lors de la venue de la tête d’affiche. Il est alors beaucoup plus facile de repérer cette brunette en robe rouge qui danse devant la scène comme si sa vie en dépendait. Et il faisait encore suffisamment jour pour distinguer clairement son regard brillant de whisky pur feu, qui avait l’air de dire « toi, j’te baise. »
Sounds like a plan.

Une salve d’applaudissements, de pétarades et autres feux d’artifices magiques, de « dégagez, on veut le vrai groupe ! » et une douche plus tard, Drystan se glissait dans la foule, touts sens aux aguets.

Électrisé par la musique qui hurlait encore à lui en faire exploser les tympans et par la performance physique qu’il venait d’envoyer, à sauter d’un bout à l’autre de la scène en criant comme un dératé, relaxé grâce à la fumée multicolore de la GAY qui s’échappait d’entre ses lèvres, il parcourut la marée humaine à la recherche d’une robe rouge.

Qui sait, peut-être que cette fois, c’était la bonne. Peut-être que le Destin lui avait enfin apporté la femme de sa vie. Peut-être qu’il avait décidé d’arrêter de lui rire au nez en faisant de son ex-fiancée une égérie de mode maintenant hors de sa ligue, en ne lui mettant sur sa route que des amoures impossibles, destructives ou inaccessibles.
Ou peut-être que le Destin n’avait rien prévu pour lui aujourd’hui, mais ça n’empêcherait pas Drystan d’inviter une charmante demoiselle dans sa loge, si ça lui disait.

Il la repéra enfin. Dans un coin de la foule qui ne remuait pas trop, elle se tenait dans sa jolie robe rouge et ses bouclettes brunes roulaient le long de son dos. Elle n’avait plus du tout l’air alcoolisée et semblait…prendre des notes ? Ce n’était plus son corps qui dansait, mais seulement sa plume le long d’un parchemin.
Est-ce qu’il s’agissait au moins de la même fille ? Il n’y avait quand même pas deux filles au même concert qui avaient fait le même fashion faux pas de porter de la dentelle rouge, alors que tout le monde savait que cette saison était aux sequins !

Drystan secoua la tête.

C’était surement la GAY qui le faisait délirer.

Un sourire au coin des lèvres, il se glissa entre les sorciers festivaliers (les sorcivaliers !) et se glissa sans bruit —comme si on pouvait entendre quelque chose dans ce tonnerre des enfers de toutes façons— tout près de la brunette, épaule contre épaule.

« Jolie robe. Tu savais que le rouge est la couleur supposée éveiller le désir et la passion ? »

Drystiflex 2020:

HJ:

On peut dire que les spectateurs se seront battus ce soir ! Et oui, tout le monde recherche la place au premier rang, touchant frivolement du bout du doigt le succès et la reconnaissance du monde artistique. La première partie de la première partie touche à sa fin lorsque un autre groupe s'avance sur le devant de la scène, saluant allègrement un public déchaîné. Oui, déchaîné, c'est le mot ce soir ! Les effluves d'alcool ne se sont pas faites attendre tout comme les intarissables éloges sur la plus grande soirée de l'année sorcière ! L'ambiance est à la déchéance et à l'amusement, alors qui sommes-nous pour juger ? Mais attention, plus de bruits, levez vos baguettes et écoutez la délicieuse mélodie d-

« Jolie robe. Tu savais que le rouge est la couleur supposée éveiller le désir et la passion ? »

De l'amour, la drague et la séduction ? La pick-up line avait au moins le mérite de la faire sourire. Elle espérait sérieusement que le garçon qui l'avait sortie allait réussir à embaumer le regard de sa partenaire... Et elle était apparemment assez près d'eux pour entendre leur mielleuse conversation qui avait le mérite d'être divertissante sans pour autant se faire distraire de sa mission, le garçon avait même son épaule contre celle de la brunette...

Trop près, même, pour s'adresser à une autre personne. Instinctivement (comme si son instinct primaire avait toujours connu la haute probabilité de cette situation), Ari rougit fortement. Certes, elle avait fait du chemin depuis son entrée à Poudlard, elle était désormais une jeune femme avant tout, assez charmante pour être susceptible de se faire aborder, mais la seule réaction qu'elle n'avait jamais fourni restait invraisemblablement la couleur pourpre de ses joues. Elle avait donc connu d'étranges formes de drague, mais celle de la corrida avait toujours demeuré inconnu à ses yeux. Marchait-elle ? C'était sûrement la question que se posait le garçon à ce moment même.

L'étudiante se retourna pour regarder à qui elle devait tous ces honneurs, se collant plus près qu'elle ne l'aurait même voulu. Si la délicatesse n'était pas présente au festival, le port du tee-shirt ne semblait pas non plus obligatoire. Et pourtant ce torse visage lui rappelait quelqu'un... De Poudlard peut-être ? Un rire confus lui échappa, rougissant de plus belle au contact de l'homme à moitié nu contre sa robe, il fallait l'avouer, qui ne couvrait pas grand chose.

Oui, si Ari du passé s'était retrouvée en cet instant, elle lui aurait sûrement crié dessus pendant des heures. Elle aurait tout d'abord ronchonné de devoir se rendre à un festival de musique qu'elle n'écoutait pas, pour se recroqueviller sur elle-même face à une forme évoluée de ce qui semblait être un ancien camarade de classe. Et elle l'aurait vu, Ari du présent, dans sa robe trop courte et à moitié transparente, qui en révélait bien plus sur son physique que sur sa personnalité. Elle aurait par contre beaucoup aimé ses cheveux, elle avait toujours eu une affection particulière pour de beaux cheveux longs. Elle lui aurait certainement dit de se méfier d'anciens élèves qui n'avaient jamais voulu que son bien.

« Est-ce donc ce qu'elle éveille en vous, sir ? » Répondit-elle à son oreille pour couvrir le bruit des guitares qui résonnaient non loin. Son article, il ne fallait pas qu'elle oublie son article ! Elle sortit une autre plume de son petit sac, rangeant la première. Elle la tint immobile sur le papier pendant quelques secondes, avant que celle-ci ne se mette à écrire toute seule. Deux mille vingts... Une belle année, sans l'ombre d'un doute. « Excusez-moi, je crois qu'on se connaît... Pouvez-vous me rappeler votre prénom, s'il vous plaît ? » Ari lui tendit sa main, puisqu'elle ne se souvenait pas correctement de lui autant tout réapprendre depuis le début. C'était son dicton pour ses leçons. « Ariane, Ariane Knight. Enchantée, sir. »

Comment elle, Ariane Marjorie Knight, avait-elle pu oublier l'existence de Drystan Wojciech ? Ah oui, c'était vrai, ils n'avaient jamais rien eu en commun. Elle ria doucement, écoutant les explications du dragueur mais néanmoins charmant ancien batteur de sa maison. Son entrée en matière lui avait totalement fait oublier qu'elle venait de le voir, deux minutes auparavant sur le devant de la scène, écrivant paragraphes sur paragraphes ne serait-ce que sur le mouvement harmonieux de sa guitare.

« Oh, je me rappelle de vous maintenant ! Gryffondor, c'est bien ça ? » Questionna-t-elle avec amusement. Evidemment que c'était une blague et évidemment qu'elle avait pouffé de rire à sa propre phrase. « Je suis sûre que vous ne vous souvenez pas de moi... J'étais attrapeuse à Serdaigle, hum... La petite soeur de Seth ? » C'était à ce moment-là que la petite Ari du passé lui donnait des coups de bâtons sur la tête. « Knight junior. » Précisa-t-elle avec un soupir nostalgique.

Effectivement, Ariane Knight n'était pas tout à fait le genre de femmes qu'il fallait venir draguer pendant un festival de la musique. Non seulement elle ne serait jamais venu si ce n'était pas pour son investissement dans le journal de l'université dans lequel elle y mettait tout son coeur, mais en plus elle devait prendre des notes, s'autorisant quand même à se balancer légèrement de gauche à droite, un sourire quelque peu rêveur aux lèvres. Ce sourire là, qui accaparait ses lèvres au moment où elle écoutait le jeune homme, était dû à la pensée d'un bon moment à faire la fête auquel elle ne goûterait pas tout de suite.

« Qui a dit que le travail n'était pas amusant ? » Lança Ari en rattrapant son bloc-notes et sa plume, lui chatouillant intentionnellement le bout du nez avec cette dernière; avant de ranger ses affaires dans son sac prévu à cet effet.

Il l'invitait à sortir, et ce n'était pas pour la déplaire... Enfin, si elle n'avait pas du travail à faire... Son coeur était tout d'un coup partagé. Combien de fois aurait-elle la chance de revenir à un tel festival pour un article aussi important ? Sûrement autant que de passer un bon moment avec un ancien collégien qu'elle n'avait plus revu depuis au moins cinq ans. Et puis, si elle partait maintenant, sûrement qu'elle pourrait revenir à temps pour la dernière partie du concert, et à temps pour son interview ? Et sinon, elle avait toujours l'exceptionnel chanteur/guitariste qui avait fait la première partie ? Sûrement qu'elle aurait droit à un baiser sur la joue de sa part aussi, ainsi qu'un autographe et toutes les interviews dont elle aurait envie. Oui, un sujet détourné : les groupes amateurs et comment se démarquer dans cette jungle indomptable ? Numéro un, trouver une jolie petite journaliste pour la divertir et la convaincre de se recentrer sur eux fit une petite voix lointaine dans sa tête. Décidément, elle se compliquait trop les choses...

« D'accord Wojciech, Drystan Wojciech. » Elle lui fit un clin d'oeil : elle avait parfaitement compris la référence à James Bond. « C'est très... Gentleman » Souligna-t-elle avant de continuer. « De m'offrir une boisson... "Gratis". » Répondit-elle en jetant un regard aux tickets du jeune homme, avant d'attraper son bras. C'était le Destin, que pouvait-elle faire contre une invitation de la sorte ? « N'avez-vous pas peur qu'un surplus de rouge révèle le désir et la passion en vous, Wojciech Drystan Wojciech ? » Mima-t-elle avec un air sérieux avant d'afficher un léger sourire et de suivre le gentleman vers un autre type de déchéance.

Le rouge au creux des joues de l'étudiante aurait certainement eu de quoi faire monter le désir dans la buvette du festival de musique, ces dernières atteignant bientôt la qualité visuelle de sa robe écarlate. Le "Knight junior" valut au beau blond un frottement d'épaule qui n'avait même pas le mérite de passer pour un coup digne de ce nom. Tant pis, Ariane M. Knight n'avait jamais été une grande violente.

« Et comment vivez-vous, Drystan ? »

La gêne éventuelle laissa place à une curiosité sans vergogne typique de l'ancienne Serdaigle. Après tout, c'était un mode de vie que n'avait jamais présenté Mazette, gazette !, et c'était sûrement bien dommage. Ce garçon était décidément unique ! Pas seulement l'idiot du village comme l'avait toujours cru Ari au collège... Tout le monde pouvait se tromper, non ?

Elle se sentait coupable, coupable et étonnée à la fois : qui un jour aurait pu lui prédire qu'elle boirait un coup à un festival de musique sorcière avec l'inimitable surfer de la manche ? Elle n'aurait sûrement pas dû l'appeler comme ça non plus, que ce soit dans son passé ou simplement dans sa tête, ce n'était pas gentil, lui qui paraissait aussi doux qu'un agneau.

« Pardon ? » Fit-elle le verre déjà vide. Elle avait entendu "boire cul sec" et n'avait pas pu se résoudre à réfléchir d'avantage. Elle ne savait pas pourquoi, elle avait un problème à comprendre les jeux qui comprenaient de l'alcool en leur sein. Peut-être que la trop peu forte quantité d'alcool présente dans son sang lui jouait des tours ? La brune s'enquit poser son verre et revint à son poste. « Désolée, je crois que je ne suis pas très forte aux jeux s'ils n'emploient pas de formules magiques compliquées. » Ari s'essuya doucement les lèvres de la main et continua. « Il y a des choses qui n'ont pas changées depuis Poudlard. » Opina-t-elle du chef en souriant.

Son expression trop polie indiquait clairement qu'elle n'avait pas plus envie d'une seconde tournée que d'une quinte de toux violente et qu'elle était sûrement aussi trop timide pour en refuser une. Aussi sourit-elle, jetant un regard à la gintrouillette qui aurait bien aimé s'emparer de son visage et il n'était pas le seul.

Non seulement elle écoutait tout ce qu'il avait à lui dire, mais elle l'accompagnait dans ses rafraîchissements... Même si ces derniers lui avaient sûrement valu tous les tickets qu'il avait bien pu gagner au concert. La jeune femme aurait dû l'inviter, elle qui arrivait à faire d'un boulot d'étudiant une situation charmante. Peut-être avait-il faim ? Pouvait-elle l'inviter à dîner de la sorte... En guise de merci ?

« D'accord, je vais vous dire mon secret mais ne le répétez à personne, Drystan Wojciech. » Elle s'approcha délicatement de son oreille et lui susurra ces moindres mots. « J'étudie le comportement de jeunes artistes à venir éveiller la passion dans les yeux de leurs spectatrices. Que pensez-vous que je devrais noter, en guise de conclusion ? » Les yeux dans les yeux, l'anglaise esquissa un sourire sans même se soucier de l'état de ses joues sur lesquels ils auraient déjà pu faire griller trois steaks, deux omelettes et un Stravopoulet. En parlant de ça... « Trop d'adrénaline, il est vrai. Que diriez-vous d'aller manger avec moi ? » La jeune femme se recula légèrement et regarda d'une vue d'ensemble le corps maigre de ce qui avait été son exact opposé pendant plusieurs années (à moins que ce ne fut Seth, mais ces deux-là se ressemblaient tellement). « Je vous invite. Si vous étiez magicien je vous aurais laissé faire apparaître deux autres tickets mais je crois que je peux oser dire qu'une invitation de la sorte par une si jolie jeune fille ne se refuse pas ? » Alors qu'elle passait son bras autour du sien, prête à le diriger vers un restaurant tout à fait acceptable, Ari ne put s'empêcher de lui chuchoter. « Faites-moi un tour de magie, Drystan. »