Assis sur leur lit, Mr et Mrs Viungo restaient bouche bée, sur le cul, perplexes. Comment leur fils, leur tendre fils pouvait-il être gay ? Les gens respectueux et coincés qu'ils étaient ne trouvaient même plus les mots de répondre. Haletant comme un pitoyable chien apeuré, sa mère sauta sur le dernier espoir qu'il lui restait.
« Dis-moi que tu es joyeux, Chumvi Viungo, dis-moi que tu es juste joyeux.. »
Chum répondit négativement à la question de la tête et sa très chère "maman" tourna de l'oeil. Son père l'allongea sur le lit sur lequel ils étaient assis et se tourna vers le dénommé Chumvi Viungo, un doigt menaçant pointé dangereusement dans sa direction.
« Ca suffit, mon garçon ! Trop c'est trop, il y en a trop. Trop de bizarreries et de.. Magiciens ! Dans MA maison ! Excuse-toi au près de ta mère ou.. Ou pars ! Je renonce ! Vous autres ne nous apportez que des problèmes ! Dehors ! DEHORS ! »
S'excuser.. S'excuser ? S'excuser ! Pourquoi, au juste ? Pour qui il était ? C'était trop injuste. Il était une personne normale, un jeune normal comme tous les autres de son âge. Il rassembla quelques affaires qui lui serait indispensable à sa pseudo-survie et traça sa route. Mais arrivée à la porte, il s'adressa, adressant une pensée à l'adresse de sa mère.
« Désolé d'être venu au monde. »
Puis Chumvi ferma la porte et partit sans un regard.
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Chum n'en croyait pas ses yeux : cela ne pouvait pas être réel, c'était impossible.. Impensable. Et pourtant les journaux l'affichaient allègrement : "MEURTRE QUI FAIT SCANDALE : UNE PETITE FILLE TUE SAUVAGEMENT SES PARENTS : DES TEST PSYCHOLOGIQUES ONT ETE".. Blablabla, blabla. Foutaise et boule de suif, Chacha n'était pas une assassin. Aussi violente pouvait-elle être dans son sport de prédilection, jamais n'avait-elle levé la main sur qui que ce soit. Oui, c'était une blague, c'était ça.
Et pourtant. Retourné devant la maison qu'il avait quitté une semaine plus tôt, Chum avait été autorisé à discuter avec d'autres membres de sa famille, à les soutenir devant ce qui devait être une dure épreuve pour eux. Il n'aperçut que du coin de l'oeil sa petite soeur qui se faisait emmener il ne savait où. Il tenta un regard interrogateur, mais toutes les preuves étaient déjà présentes : couverte de sang, tremblante jusqu'aux dents, effrayée et dégoûtée par elle-même.. Il ne savait même pas s'il serait autorisé à la revoir un jour.
Tout d'un coup, Chen se sentait beaucoup plus seul qu'il ne l'avait jamais été : il avait bien plus perdu que deux membres de sa famille ce soir.
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Il n'était pas décidé à la lâcher du regard. Même lorsqu'elle roulait son horrible joint pour lui souffler sa fumée à la gueule. Il ne voulait plus voir sa soeur dans cet état, mais lorsqu'il le lui arracha de la bouche, elle proclama qu'elle en avait besoin et menaça de le changer en canard en plastique s'il continuait.
Cela faisait des années qu'il n'avait plus revu sa soeur. Elle avait bien changé maintenant : plus grande, plus maigre, plus tarée que jamais.
Après le massacre (l'incident, comme il se devait de l'appeler en sa présence) de 2006, il était parti rejoindre une partie de sa famille qui siégeait en Grande-Bretagne pour les études, principalement contre son gré. Il n'avait pas eu la force de rester près d'elle, de demander à la voir dans son foutu hôpital de dégénérés, de se faire examiner à son tour.. C'était trop dur, il avait dû partir.
Et Poudlard avait réussi à lui faire oublier tout ça. Tout ça, jusqu'à ce que Chacha arrive à St-Barnaby où il avait réussi à se poser finalement, à mener sa petite vie tranquille. C'était plutôt égoïste de sa part, dans le fond. Elle avait dû passer une scolarité horrible, mais il n'osait pas lui demander. Il fuyait toujours les problèmes, c'était une leçon qu'il avait tiré.
L'étrange mort de ses parents qui coïncidait parfaitement avec le jour de son départ, c'en était trop pour lui. Il ne savait pas trop s'il devait lui parler, s'excuser ou tout lui avouer directement. Il était peut-être finalement temps de changer de leçon. Alors il lui déballa tout : son départ prématuré, la tristesse qu'il avait eu - non pas au décès de ses parents qui étaient déjà morts à ses yeux - en la sachant loin de lui pour toujours. Sa vie qui aurait été bien trop tranquille de toute façon sans elle, et pour finir, l'affreux sentiment de culpabilité qui le rongeait immanquablement à l'idée de vivre la vie de château alors que sa soeur devait sûrement souffrir le martyr dans son trou à rats.. Et enfin, la raison de tout ce remue-méninge, sa sexualité.
« Au fond je ne sais pas si je n'aime pas les femmes.. Je veux dire, j'aimerais juste avoir le choix, tu comprends ? Je ne t'en veux pas, ce n'est p.. »
Mais à ce moment-là, sa soeur le coupait toujours.
« Evidemment que ce n'est pas ma faute. » Répondait-elle d'un ton glacial avant de s'en aller à nouveau.
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