— Allez Padd, on y va ! Lança Adele en donnant une grande claque dans le dos de son colocataire.

Il avait arrangé une rencontre entre Padraig, son ombre de toujours, et Shoshana, une jolie rousse pas tellement incendiaire pour le coup. Si le premier n’avait pas été difficile à convaincre – concrètement il l’aurait suivi jusqu’au bout du monde – la deuxième avait été une autre paire de manche et Adele avait dut déployer tout son attirail d’agneau innocent pour se faire bien voir auprès de celle qui l’avait pris en grippe à la suite d’un petit feu de joie improvisé par sa baguette pyromane.

« Salut Shoshana, écoute je sais que tu ne m’aime pas beaucoup à cause de l’accident avec ma baguette mais ça ne te dirais pas qu’on tente d’être des adultes responsables et qu’on essaie de passer au-delà de cette mauvaise première impression ? Ca te dirait qu’on aille boire un verre un jour ? Toi, moi, Padraig, mon coloc. Ca serait sympa et promis je prends pas ma baguette ! » Le tout accompagné de moult battements de cils et de grands sourires éclatant d’optimisme, il aurait fallu franchement être un monstre sans cœur pour lui refuser une deuxième chance !

Ainsi donc Adele avait obtenu ce qu’il voulait et après avoir ordonné à Padd de bien s’habiller (mais pas trop non plus, normal-bien quoi) il mettait son maigre plan machiavélique en route. Le petit Padd n’était pas un mauvais gars, il était plein de bonne volonté et dans le genre « je m’accepte et m’aime comme je suis quitte à ne pas avoir d’amis » il était bon. Mais d’une manière ou d’une autre Adele avait réussi à se faire prendre dans l’équation et la présence constante de Padd sur son dos commençait franchement à l’user. Il estimait avoir une patience d’ange mais il était tant de jeter le Padd dans les flammes du Shoshamordor ou au moins de trouver un nouveau porteur de l’ado en sa personne avant de finir aussi taré que Gollum.

— Tu vas voir c’est une jolie fille, elle aime les plantes et déteste les incendies, c’est tout ce que je peux te dire sur elle, reste cool, on va bien s’amuser.

Il avait choisi d’aller dans un café mignon de Stornoway « Le café des libellules » où les plateaux ressemblaient à des ailes de fées en verre et où la décoration était douillette, coquette, remplie de plantes vertes. Dans un endroit mignon il ne peut ressortir que du bon ! Il reconnut Shoshana qui s’installait à une table et la rejoint avec Padd, jouant les entremetteurs naïf et enthousiaste.

— Salut Shoshana ! Lança-t-il guilleret, je te présente Padraig mon colocataire, je suis content de te voir ici, tu as vu il y a des jolis plantes dans ce café, j’ai pensé que ça te ferais plaisir. Moi je n’ai qu’une petit mimbulus mimbletonia dans ma chambre qui s’appelle « Dormir » ahaha ! Padd tu t’y connais pas mal en botanique aussi, non ?

Pourvu qu’ils se découvrent un amour réciproque, intense et inconditionnel. En attendant de les marier, Adele buvait son café en observant la suite des opérations.

Il avait fait l’effort de venir me voir. D’accord, j’avais franchement hésité pendant une seconde à lui jeter un mauvais sort. J’avais vraiment du mal avec ce mec. Mais je me rappelais des paroles de Dimi qui me disait constamment « d’ouvrir mes chakras aux possibles rencontres positives, man ! » Bref. J’avais donc accepté, malgré moi, de venir à son rendez-vous ridicule avec son coloc. Bon j’étais pas non plus assez naïve pour ne pas comprendre ce qu’il cherchait. Je voulais dire, des lourdaux qui veulent me caser j’en ai croisé des tas !

Mais bon, je viens quand même, est-ce que ça veut dire que j’ai envie d’être casée ? Ou autre chose ? Dans tout les cas, je m’étais habillée à l’arrache et si ça dérangeait quelqu’un, qu’il aille se faire mettre.

Si je me faisais chier j’avais qu’à dire que mon père m’avait envoyé un hibou avant que je parte et que j’avais un autre rdv avec lui. Sinon, je pouvais toujours sortir l’excuse – a demi vraie en plus – des horaires réguliers pour l’entretien des plantes. On verra bien ensuite ce qu’il se passera.

J’arrivai au lieu de rendez-vous, un salon de thé cheap super bizarre mais bon, qui étais-je pour juger des gouts étranges d’Adele Berry ? Ils étaient en retard, alors je m’assis tranquillement à une table et commandait un chocolat chaud aux guimauves. Rien de tel que du sucre pour se détendre avant les épreuves de la vie. J’étendis mes longues jambes sous la table, croisant mes vieilles doc’s pleines de terre et complètement défoncées. Ah ce que je les aimais, je me sentais toujours bien avec ça aux pieds.

Gling !

Ils étaient là. Je soupirai un instant avant d’élargir le demi-sourire qui me sert de visage de base (ouaip, c’est chiant, même quand tu veux rembarer des gens, ils croient que tu leurs sourie, donc je passe soit pour une grosse sadique, soit pour une fille gentille mais timide) (oui, moi, timide, ahah !)

« Salut Adele. » répondis-je simplement en détaillant la dégaine de son coloc. Okay, clairement pas mon style. Adios les idées de l’autre brun. « Bonjour... Padraig. » dis-je avec un petit sourire en bloquant un instant sur le nom un peu bizarre du mec.

Je repliai mes jambes pour qu’ils puissent s’installer tranquillement. Au final, mon chocolat n’était même pas encore arrivé, la poisse ! Raté pour le sucre avant l’épreuve, j’allais l’avoir pendant, ce qui peut être réconfortant. Pas plus mal d’ailleurs, quand on écoutait Adele déblatérer sur les plantes en pot (fausses, oui, je le vois d’un seul coup d’œil, la vieille peau qui tiens l’établissement doit avoir de la famille moldue, berk !) et sur son Mimbulus… Sans rire, il donne un nome aussi con à une plante ? Un mimbulus en plus ? Un cactus super rare ? C’est affreux ! Quel manque de respect ! Je croisai les bras en le regardant essayer d’intégrer son copain dans la conversation, genre lui aussi aime les plantes ? On va voir ça…

Le chocolat était arrivé, je le touillais avec la cuillère en attendant que les guimauves fondent bien.

« Hum, alors tu aimes les plantes aussi, c’est ça ? J’imagine que ce n’est pas difficile de s’en occuper, tant que tu les tiens loin de Berry, il doit tout cramer tout le temps, non ? » lançai-je avec mon sourire le plus innocent.

D’accord, ça m’a échappé.

Spoiler:

« J’imagine que ce n’est pas difficile de s’en occuper, tant que tu les tiens loin de Berry, il doit tout cramer tout le temps, non ? » « Ton prénom me fais penser à l’opérateur Shosh. » « Tu es belle comme un menu McDonald's... » « Affligeant ».

Adele regardait bouche-bée l’échange agressif de ses deux camarades. Qu’est-ce que c’était que ça ? Quelles espèces de brutes épaisses dénuées de tendresses et de subtilités pouvaient se balancer autant d’horreurs à la figure ? Et lui en envoyer à lui en plus !

— OK, OK, STOP ! Coupa Adele absolument scandalisé.

Il éteint un démineur sur un champ de bombes, un casque bleu, un pacificateur qui devait réconcilier l’Israël et la Palestine.

— Je suis absolument scandalisé, dit-il en décrivant ses émotions, qu’est-ce que c’est que cette attitude ? Shoshana, pourquoi est-ce que tu m’agresses ? Si tu as quelque chose à me reprocher, je t’écoute.

Il respira profondément et se tourna vers Padraig.

— Padd, s’il te plaît, est-ce que tu peux faire un effort ? Ce que tu dis est vraiment détestable, Shoshana est très bien, elle a gentiment accepté de venir alors la moindre des choses c’est d’être polie. Excuse-toi auprès d’elle.

Il avait l’impression d’être un papa. Et OPM si c’était son rôle il n’accepterait aucuns conflits dans sa maison ! Dans sa maison imaginaire tout le monde avait le sourire et portait un petit chapeau festif à pois coloré en faisant des gâteaux. Et est-ce qu’il voyait des gâteaux colorés sourirent à des chapeaux festifs qui mangeaient des petits pois ? NON. Il voyait Shoshana la dure, la froide, se heurter avec fracas à Padd le glacial.

TU M’ETONNES QU’IL ETAIT PHYROMAN ! Quand on voyait l’ambiance, un petit feu de joie n’aurait pas été trop demandé !

Il commanda un grand cookie qu’il partagea en trois beaux morceaux avant d’en distribuer à Shoshana et Padd. Voilà, maintenant on est tous copains.

Je sentis mon sourire se figer sur mon visage. Oh le con, genre c’est nouveau je l’avais jamais entendue celle-là. Je risque fort de lui en mettre une. Mon sourire s’élargit.
« C’est Sosh pas Shosh, mais je ne t’en veux pas, l’erreur est humaine. » remarquai-je de mon ton le plus doux, doux comme… ça va exploser bientôt.

Et puis c’est quoi s tendance à… il est gay ? Genre Berry il a organisé ça juste pour faire son coming-out ? D’accord, c’est gentil il remonte un peu dans mon estime même si je vois pas pourquoi… Oh ! Il voulait le faire devant une quais étrangère avant de se tourner vers sa famille ! Je comprends. Même si son copain me sort déjà par les trous de nez, je vais faire un effort. En soutien.
Attends. Je veux bien faire des efforts mais là. Là, il pousse le bouchon trop loin, je prends une grosse inspiration pour lui répliquer quand Bery intervient. Je souris gentiment à son intention, mais sans le toucher ça avait l’air de déranger son possessif petit copain.

« Je voulais juste engager sur un sujet que je connaissais, les plantes que tu avais citées et le fait que tu ais un problème avec le feu. Admet que c’est tout ce que je sais de toi… » remarquai-je.

Je me posais tranquillement et attendis qu’il se calme, un peu. Ouah, il se comportait comme un père avec son copain, c’était soit courageux, soit complètement glauque. Je ne savais pas lequel choisir… Je sirotais mon chocolat aux guimauves lentement.

« Merci beaucoup. » soufflai-je en prenant le cookie qu’il me tendait. C’était vraiment gentil. Je croquais dans un bout et savourait le gout du chocolat sur ma langue.

« Bon quel était le réel but de cette rencontre ? A part ton coming-out, je parle. » demandai-je, sincèrement intéressée.

— Bon quel était le réel but de cette rencontre ? A part ton coming-out, je parle.

Adele cligna des yeux, jeta un coup d’œil derrière lui pour vérifier que Shoshana ne parlait pas de quelqu’un d’autre. Il n’y avait personne. Il était bien la personne visée.

— Hein ? De quoi ? Moi ? Bredouilla-t-il en se pointant du doigt.

Il rougit bêtement, sous le coup de la surprise. Il n’était pas gay, bon sang de bonsoir ! Il avait même une copine CERTES pas très féminine et qui le prenait pour la fille de leur couple mais… Oh bon sang. Etait-il si peu viril que ça ? Le choc de cette constatation le frappa en pleine figure.

— Attend, mais… Non je suis pas gay, se défendit-il d’une voix plus confuse que révoltée.

Il se déconnecta de la scène et entreprit de lister rapidement ses points « petite fleur » et ses point « gros dur ».



Par Merlin. Le constat était affligeant. Le regard dans le flou, il tournait et retournait sa tasse entre ses doigts.

— Bordel mais c’est pas vrai… Je suis… Shoshana, Padd, qu’est-ce que vous pensez de moi en tant qu’homme ? Demanda-t-il subitement, vous trouvez que j’ai l’air féminin ?

Adele était véritablement retourné par cette auto-analyse et par la conclusion de Shoshana sur sa sexualité. Il ne voulait pas d’une réputation ridicule de fille manqué ou il ne savait quoi et tout à coup il s’en voulait de jouer le rôle du naïf, de la princesse Disney Channel qui part de son petit village-joyeux-trombones pour une vie pleine de magie aux bras du BG voyou de l’université.

Aaaaah vite, que quelqu’un lui dise qu’il était musclé et que heureusement qu’il était là pour ouvrir le bocal de cornichons !

Adele ne semblait pas comprendre de quoi je parlais, pour changer, il afficha sa tête d’ahuri fini. Je le vis rougir sans comprendre avant qu’il démente la remarque que je venais de faire.

Je ne comprenais plus rien, pourtant l’autre avait l’air franchement proche de lui, et puis il le regardait pas non plus comme un meilleur pote mais plus comme un amant, non ? Ou alors je me faisais des films et je tombai dans les travers yaoi de Mathilda ? Je me sentis un peu rougir, mal à l’aise. Qu’est-ce que je venais de dire ? Je repris le contrôle de mon visage et sorti ma tête impassible et un peu hautaine pour me contenir.

Et j’en eus grand besoin surtout quand Adele me demanda comment je le trouvais en tant qu’homme. J’eus un micro sourire un peu snob, plus fort que moi.

« Pas du tout mon style, t’es trop fin, mais t’es assez choupi de visage je pense que ça doit plaire à pas mal de gens. » remarquai-je en jetant un coup d’œil involontaire à… l’autre con, là.

« Euh… Je te connais pas assez pour dire si t’es féminin ou pas, mais t’as des manières c’est clair, mais c’est pas non plus choquant à mon avis… » ajoutai-je en essayant d’être gentille.

Je ne comprenais pas comment on en était arrivé là, d’un rendez-vous de « paix » on était passé à la psychanalyse et… oh non ! S’il demande un relooking je l’envoie se faire paitre !

La bouche toujours ouverte, Padraig ne pouvait détourner son regard du visage surprit et absolument adorable du Berry. Son souffle venait de se couper, ses mains étaient devenues moites et tremblantes, sa bouche ressemblait désormais au Sahara et son cœur était devenu une pâtisserie française, sucré et fondant. Un sourire béat déformait le visage de Padd' qui avant cela était barbouillée de chocolat et de miettes. Il se lécha la lèvre inférieur devenu sèche et dans un geste qui se voulait sensuel mais qui de loin devait donner une scène très étrange.

— Hein ? De quoi ? Moi ?

Padd hocha vigoureusement la tête, il aurait jamais cru que son fantasme puisse enfin se réaliser et surtout à ce moment là. Il manquait plus que le Berry dévoile sa mure et Padd allait monter comme un piston ! Paddy referma sa bouche et déglutit difficilement, son pauvre petit cœur allait exploser de joie.

— Attend, mais… Non je suis pas gay

Padd' soupira bruyamment tout en secouant sa tête.  Bien sûr, qu'il lui arrivait de parler avec lui-même, il avait souvent besoin l'avis d'un expert. Surtout quand il était entouré d'une bande d'incapable. Dire que le petit Padd' dans sa tête venait de faire la danse de la joie en caleçon, il pouvait aller définitivement se rhabiller. Pourquoi, Adele cherchait-il à nier et à contourner sa destiné ? Es-que lui, Padraig Vontell allait à l'encontre de sa nature ? Non, il avait accepter depuis bien longtemps que le maquillage c'était cool. Peut-être qu'il devrait initier Adele à se maquiller et ils pourraient faire des soirées filles ?

— Bordel mais c’est pas vrai… Je suis… Shoshana, Padd, qu’est-ce que vous pensez de moi en tant qu’homme ? vous trouvez que j’ai l’air féminin ?

« Pas du tout mon style, t’es trop fin, mais t’es assez choupi de visage je pense que ça doit plaire à pas mal de gens. »

Bien sûr qu'Adele était trop cute ! Parfois les gens étaient stupides et cette fille il pouvait la classer directement dans la case des gens inutiles dans la vie. Il ne détestait pas la rousse mais si elle brûlait, et, qu'il avait de l'eau. Il pense qu'il la boirait. Tout cela de façon amicale, Padd n'était pas quelqu'un d'impoli.

"- Si cela peut te rassurer Adou, pour t'avoir vu de nombreuses fois sous la douche. Je peux t'assurer que tu es bien un homme. "Déclara Padd en entourant les épaules d'Adele par son bras. Il se pencha vers celui-ci et lui colla un baiser bruyant sur la joue sans détournait son regard de la rousse. Elle avait peut-être trompé son nounours en disant qu'il n'était pas son style. Mais, lui, le magnifique Padd' (et défenseur de la virginité du Berry)avait vu le regard de l'harengère ! Paddy ne critiquait pas, il ne faisait que constater.

Shoshana, fidèle à elle-même, ne le consola pas du tout. Il avait l’air si nul que ça ? Il avait tant de manières que ça ? Elle le qualifiait de « choupi » mais ce n’était pas du tout ce qu’il voulait entendre, il s’agaçait tout seul, comme en trop plein de lui.

Comment en était-il arrivé à perdre toute confiance en lui en si peu de temps alors qu’il voulait initialement faire la paix avec la fille et lui présenter son colocataire autour d’une tasse de thé ? Adele était le dernier des abrutis pour suivre un plan, même quand il s’agissait du sien visiblement.

Evidemment, Padraig ne perdit pas un instant pour réduire à néant toutes ses ambitions autour de ce petit rendez-vous.

— Si cela peut te rassurer Adou, pour t'avoir vu de nombreuses fois sous la douche. Je peux t'assurer que tu es bien un homme.

— QUOI ! S’exclama Adele.

Il se releva vivement, brisant l’étreinte de boa constricteur de Padraig, les yeux lançant des éclairs. Il avait fait un geste machinal vers la poche de son jean où aurait dut se trouver sa baguette mais il n’y trouva rien et son poing se referma sur le vide. Il brûlait de l’intérieur.

— Non mais c’est une blague, Padraig ? Gronda-t-il soudain furieux.

Les clients alentours s’étaient retournés et le dévisageaient mi- scandalisés, mi- intrigués, mais Adele ne les voyaient pas, tout entier consumé de l’intérieur par une vive colère. Ils étaient allés trop loin. Les deux, là. Adele les fusilla tour à tour du regard, la mâchoire crispée.

Il aurait voulu trouver les mots pour les cingler, comme eux se permettaient sans arrêt de le faire. Il aurait voulu dire à Shoshana qu’elle était mauvaise de le juger pour un oui ou pour un non, de le toiser du regard comme le pauvre gars perdu qu’il n’en pouvait plus d’être. Il aurait voulu hurler à Padraig qu’il n’était pas son chien, qu’il ne lui appartenait pas et qu’il n’avait pas le droit de le vampiriser et de l’étouffer.

Ca n’effleurait l’esprit de personne qu’il pouvait se péter les dents à essayer de satisfaire tout le monde. C’était bien normal qu’il vienne sans baguette pour éviter tout accident, qu’il invite deux personnes qui ne l’aimait pas et qu’il leurs payent des cookies en essayant de tout rafistoler !

Adele se noyait dans sa propre colère, incapable de trouver les mots pour dire ce qu’il avait sur le cœur.

— Ca y est j’en ai marre ! Se fâcha-t-il, entre-tué vous si ça vous chante, j’ai assez donné, vous me fatiguez avec votre caractère ou votre fierté à la con, je me casse.

Il sortit quelques pièces de ses poches, sans doutes trop, et les lâcha sur la table avant de quitter le café, le sang battant à ses joues, aveugle au reste des clients. Il se détestait pour avoir provoqué autant de drames mais il détestait encore davantage les deux crétins qu’il avait naïvement invités « Parce qu’on est tous copains, hein ! »

♥♥♥:

Bon, l’autre avait répondu, pas totalement ce que Shoshana avait espéré mais elle supposait qu’ils avaient dû rassurer le pauvre Berry. Aussi fut-elle totalement prise de court lorsqu’il leur peta une durite.

Qu’il repousse l’autre, okay, pas de problème si ça le dérange à ce point et qu’il n’est pas gay – ce que l’autre ne semblait pas avoir pigé. Mais qu’il s’énerve comme ça surprenait Shoshana. Elle sentit la sueur venir soudainement et son ventre se nouer lorsqu’il chercha à prendre sa baguette. Les larmes lui vinrent aux yeux et des tremblements incontrôlables prirent possession de son corps. Mais il ne rencontra que du vide.

Shoshana resta en état de choc le temps qu’il pose ses pièces sur la table. Par automatisme, son œil de fille de commerçante remarqua qu’il avait beaucoup trop mis. Cet automatisme la sortit de son état d’hébétude. Elle chopa par réflexe les pièces en trop, paya sa consommation et se leva d’un bond pour suivre Adele. Elle n’avait pas vraiment entendu ses derniers mots sinon elle se serait énervée à son tour. Là, elle était juste désarçonnée et compatissante.

« Adele ! » cria-t-elle en trottinant vers lui.

Elle le rattrapa et se mit à marcher à son rythme.

« Adele, calme-toi. Je ne voulais pas être blessante ou quoi. Sincèrement, j’ai juste dit ce que je pensais. Ce n’est pas à prendre méchamment. C’est ma vérité, mais pas celle des autres forcément. »

Elle lui prit la main doucement.

« Prend ça, débile, t’es étudiant, claque pas ton argent aussi facilement, quinze gallions c’est beaucoup pour des consos qui valent à peine cinq mornilles ! » remarqua-t-elle avec un léger rire dans la voix.

Elle fourra ses mains dans ses poches.

« Tu sais, faut pas le prendre aussi directement, je suis assez… Euh. Honnête, et je sais que ça peut déranger parce que je ne me rends pas compte que je vexe les gens. Mais je suis désolée de t’avoir vexé, ce n’était pas intentionnel. Et désolé aussi, je sais pas trop ce que tu attendais de ce rendez-vous. Mais si tu avais sorti ta baguette… » Un frisson la parcourut. « … Je crois que je me serais transformée en harpie. Je sais qu’elle euh… éclate parfois et je suis pyrophobe donc voilà. C’est pour ça à la base que je t’évite comme la peste. Mais je te déteste pas non plus… au fond. »

Elle haussa les épaules.

« Et je pense que t’es le genre de mec qui est fait pour sourire, pas pour ruminer. Alors laisse tomber ce que j’ai dit. Reste toi-même et ignore les cons comme moi qui disent des conneries. »

Elle lui fit un dernier clin d’œil et tira sa révérence. Ils venaient de passer à côté de son appart, elle n’avait que quelques pas à faire pour y entrer. Elle fit un dernier signe de la main – un chouille gêné – et entra.

Elle ne savait vraiment pas que penser de cette entrevue.