C'est le pas instable, les bras chargés de son balais et de sa batte de quidditch que Winifred traversait les couloirs désertiques du rez-de-chaussé.  Tentant avec peine de se retenir de rire toute seule, stimulée par l'adrénaline d'être dans les couloirs, seule, pleine nuit, mais surtout poussée par les délicieuses bieraubeurres  qu'elle avait pris un peu plus tôt en compagnie de Seth et de Galvin, qu'elle se dirigeait avec peine et hoquets vers le terrain de Quidditch.

Pour être tout à fait honnête… elle ne se souvenait plus vraiment pourquoi elle y allait.  Ni pourquoi elle avait avec elle son balais et sa batte, d'ailleurs.  Toute cette histoire faisait probablement partie d'une conversation épique commencée de quelque part, elle en était certaine… mais pour l'instant, seule l'idée inébranlable de se rentre dans au Stade de Quidditch comptait.  Se prenant les pieds dans toutes les pierres du sol, il était particulièrement étonnant qu'elle ne se soit pas fait prendre encore.

Les joues roses et les yeux larmoyant de rire, Winifred réussi de peine et de misère à se rendre au terrain - tout en tombant évidemment plus d'une fois sur son chemin, ses genoux maintenant terreux et ses paumes légèrement douloureuses, mais sa bonne humeur et son hilarité toujours présente.  Elle déposa avec une délicatesse qui lui était rare son balais par terre en bouffant avant de murmurer particulièrement fort:

«GALVIIIN?  GALVIIN T'ES LÀ?»

Silence.  Elle tourna la tête à gauche, puis à droite, avant de sortir sa gourde - contenant le reste de sa bieraubeurre qu'elle avait eu l'incroyable idée de traîner avec elle:

«GALLLVIIN? J'AI DE LA BIÈREAUBEURRRRE… ALLLEZZZZ SORT!!» continua-t-elle de murmurer avec la discrétion d'un bulldozer dans une carrière de pierres.

''Si Galvin ne veut pas de sa Bieraubeurre, moi j’en veux bien, madame !''

Le cris surgissant de littéralement partout fit crier encore plus fort la gryffondor - qui ne détenait certainement pas son titre de lion pour son courage légendaire la nuit.  Surprise voir même effrayée, elle perdit pied, tombant durement sur son fessier dans un bruit lourd.  Le souffle coupée, ses cheveux lui tombant devant les yeux et ses jambes dans une position bien peu recommandée pour une jeune fille en jupe, elle releva vivement  la tête, cherchant la tronche collant à la voix qui venait de lui faire faire une crise cardiaque.

Pourtant, alors que son regard parcourait les estrades du stade, Winifred n’y vit rien.  Que du noir… Visiblement, malgré le fait que ce fut la pleine lune, les rayons lunaires ne valait pas sa bonne vieille pair de lunette pour la vue qu’elle ne portait évidemment pas (voir presque jamais… elle préférait parfois plisser des yeux et du nez pour lire ce qu’il y avait à lire au loin plutôt que de devoir les trimbaler avec elle partout).

(Quoi, elle une sorcière?  Utiliser un Lumos?  Naaahh)

Se plaquant sans délicatesse la main sur son visage, relevant ses cheveux et tentant par la même occasion de se faire reprendre ses esprits.  Fred avala de travers.  Il n’y avait personne?  Venait-elle littéralement d’inventer quelqu’un en train de crier dans le terrain de quidditch?  Merlin… cette bieraubeurre était bien plus forte qu’elle ne le pensait!

Et elle éclata de rire.  Éclater à s’en faire pleurer, à se donner envie de pipi, à se rouler par terre.  Merlin qu’elle était cinglée quand même… halluciner quelqu’un en pleine nuit dans le terrain de quidditch?  IM.PO.SSI.BLE!  Qui pouvait bien traîner à une heure pareille dans un coin si perdu de Poudlard.

Elle était hilarante... elle ne pouvait déjà plus attendre de raconter cette stupide histoire à Seth, Galvin, Olivia et Lucas... ils allaient mourir de rire, c'était certain!

Bien installé sur le sol humide du Stade, en larmes tant elle ne pouvait cesser de rire, Winifred aurait pu crier, enfin elle le faisait visiblement beaucoup depuis qu'elle était arrivé sur le terrain, mais c'était dans de toutes autres circonstances.  Elle aurait pu, donc, crier sa joie, sa bonne humeur, ce sentiment exaltant qu'elle avait fait les bons choix, tout aussi stupides pouvaient-ils tous être, pour s'être finalement retrouvé à cet endroit précis, à cet instant présent, assise les jambes dans tous les sens alors que la brise de l'automne s'engouffrait dans ses poumons, balayant ses cheveux et l'enivrant d'un sentiment de liberté que peu de choses lui procurait.

Son exaltation fut pourtant de courte durée.  Alors qu’elle commençait doucement à cesser de rire, reprenant son souffle, fermant les yeux et s’apprêtant à rejeter sa tête en arrière pour mieux apprécier la température (et accessoirement reprendre ses esprits), sa bouteille de bieraubeurre sauta littéralement de ses mains.

Surprise, elle sursauta, cherchant sa précieuse boissons des yeux, alors que celle-ci commençait son chemin sinueux dans l'herbe du stade.

«R… reviens voyons!!!»

Mitigée entre être complètement apeurée qu'un esprit malveillant ait pris possession de sa bouteille et être irrité de ne plus pouvoir boire celle-ci, Winifred n'attendit pas deux secondes de plus et, à quatre pattes dans le terrain, elle commença à se lancer à la  poursuite de sa bouteille chérie - poursuite certainement des plus hilarante aux yeux de quiconque .

« Ô esprit des bieraubeurres, reviiieennnns» continuait-elle de souffler en se déplaçant le plus rapidement possible que ses genoux et ses paumes le lui permettaient.

Décidement, la nuit avait pris un tout autre tournant. Lui qui s’était attendu à s’endormir à la belle étoile, ou éventuellement à se faire dévorer par une créature lycanthrope, le voilà qui se retrouvait à effrayer une fillette —et à adorer ça. Il se mordit la lèvre pour s’empêcher d’éclater de rire.

Il parvint à maitriser son sort suffisamment pour faire ralentir la bouteille, et permettre à Hopkins de s’en approcher. Il fallait vraiment que la petite rouquine ait bien abusé de la bieraubeurre pour se trainer à quatre pattes dans l’herbe… oui bon, c’est vrai qu’il n’était pas vraiment mieux. En pyjama au milieu du stade de Quidditch. Caché dans le noir à jouer des tours à une fille toute seule... Ahem, bref.
Lorsque la bouteille arriva à une bonne vingtaine de centimètres de son visage, il termina le sort. La bouteille retomba dans l’herbe doucement, vacilla un peu en projetant quelques gouttes sur les brindilles comme la rosée du matin, puis finalement s’immobilisa, bien droite sur son cul.

Il était maintenant pratiquement nez à nez avec Hopkins. Ils avaient un petit mètre d’écart environs, la bouteille au milieu.

Il attendit l’instant exact où la gryffondor s’apprêtait à se saisir de la bouteille, et à l’aide d’un second sortilège informulé, illumina sa baguette d’un lumos, juste sous son menton.

Coucou, toi, la salua-t-il avec un grand sourire.

Winifred y était presque.  D’ici quelques centimètre, elle avait réussi a rattraper cette satanée bouteille, elle le savait, elle le sentait.  

Les genoux en feu, les paumes de mains étrangement douloureuse et son uniforme de classe maintenant plus terreux qu’après un entraînement de quidditch, Fred avança sa main vers la bouteille maintenant immobilisée à quelques centimètre d’elle.  La gryffondor ne voyait rien d’autre, son regard complètement hypnoptisé par la bouteille possédée du démon qui venait littéralement de traverser la moitier du stade de quidditch en moins de trois minutes.

Évidemment, encore une fois, jamais dans son étrange conception du monde elle aurait pu attribuer cet étrange phénomen aux plaisirs d’un serpentard qui s’ennuyait.  NE.VER.  Moins sorcière que jamais, la jeune Hopkins s’apprêta à parler doucement au contenant, comme s’il était un petit animal farouche prêt à prendre la poudre d’escampette au moindre faux mouvement de la rousse.  Mais ce qui arriva la fit littéralement mourir.

Se repoussant plus vite que son ombre alors qu’une lumière aveuglante apparaissait, ne laissant voir à la jeune fille que du blanc… beaucoup trop de blanc. Winifred laissa échapper un cris strident - qui aurait certainement réveillé même McGonnagall… bien que la Gryffondor ne l’espérait pas.

«AAAAAAAAAAAAAAAHH NON MAIS. DE ...QUOI !?!?»

Assise sur ses genoux, le corp redressé, la main PRATIQUEMENT sur sa baguette, Winifred regardait avec un air farouche ce qui semblait être… un visage.  Un visage particulièrement amusé… tout blanc.  UN FANTÔME?

Redressant sa baguette en balbutiant, elle ferma les yeux, pointant sa seule arme vers la lumière.

«ALTE-LÀ FANTÔME… JE SUIS UNE SORCIÈRE ATTENTION HEIN!» dit-elle avec une hystérie quadruplé par l'effet de ses bièraubeurres, évitant toujours de regarder la lumière aveuglante.

La tête d’Hopkins, quoi. Ses yeux aveuglés et sa figure toute pâle, son adorable minois qui se tordait en une grimace comique, c’était impayable. Elle éclata en cris apeurés, Drystan éclata de rire.
Il tapa du poing sur le sol et failli avaler de l’herbe, tellement il riait.  Son abdomen lui tiraillait les entrailles. Il se retourna sur le dos en dégageant l’édredon d’un coup de pied, révélant ainsi sa dégaine de top model —cape, bottes et pyjama…qui à part un top model pouvait se permettre un tel fashion faux pas ?
Il était maintenant tête à l’envers par rapport à Hopkins, qui le prenait de toute évidence pour un fantôme —de mieux en mieux, et n’osait pas le regarder. Elle en avait même oublié sa bieraubeurre pourtant tant desirée.
Drystan prit soudainement conscience de la baguette pointée vers lui, et son rire se calma un peu.

''Oh là, tout doux ! Je suis un gentil fantôme et je viens en paix.''

Il leva ses bras en l’air pour prouver sa bonne foi, sa baguette illuminée maintenant pointée vers le ciel.

''Je vois bien que tu es une sorcière, et une puissante avec ça !''

Il pouvait maintenant voir le visage d’Hopkins à l’envers et en contre plongée. Elle avait toujours l’air d’un adorable petit bout, mais un adorable petit bout avec une baguette en état de lui faire cracher des veracrasses si il l’énervait trop. Enfin, si elle n’était pas trop tétanisée par la peur pour s’en servir. L’esprit des bieraubeurre, sérieux…

Il se pinça les lèvres, sentant l’hilarité revenir. Mais c’était plus fort que lui, il ne put s’empêcher de faire le malin.

''Ouais bah en tout cas, vu comment t’as l’air à l’aise avec ta baguette… j'aime mieux que tu aies celle là dans les mains plutôt que ta batte de Quidditch, ça vaut mieux pour ma tête !''

''Oh là, tout doux ! Je suis un gentil fantôme et je viens en paix.''

La voix qu’elle entendit alors aurait certainement dût allumer quelques lumières dans le pauvre cerveau de la gryffondor.  C’était pourtant une voix qu’elle connaissait bien, du moins suffisamment pour ne pas continuer de croire qu’il s’agissait d’un fantôme.  Mais, Winifred et sa beuraubeurre étant ce qu’ils étaient, ce ne fut pas totalement sa réaction.

Bien piètre gryffondor, dans une situation des plus pathétiques, elle n’osa pas tout de suite ouvrir les yeux.  

Premièrement, face à quelque chose d’aussi apeurant qu’un spectre démoniaque aimant prendre possession des bieraubeurre des jeunes gryffondors, il n’y avait définitivement rien de tentant à ouvrir les yeux.  Et puis… Ça allait probablement être un truc tout laid, boursouflé, puant, gluant, couvert de champignons et de poils, OUI, certainement!

Mais alors que la voix de l’esprit démoniaque raisonnait pour une seconde fois dans le stade, un doute prit lentement possession de l’esprit ramollie de la jeune fille.  Batte… de quidditch?  Mais enfin, depuis combien de temps cet esprit malveillant veillait-il malicieusement sur elle?

La curiosité prenant finalement le dessus sur la peur de voir quelque chose de carrément traumatisant, Winifred ouvrit lentement un œil, gardant l’autre toujours bien serré.  Son nez retroussé dans une expression de dégoût en préparation à ce qu’elle allait y voir.

Expression qu’elle la perdit bien vite lorsqu’elle découvrit devant elle Drystan en pyjamas, pratiquement écroulé de rire.

“WEICH… WII… pfff” elle soupira,  quelle idée d’avoir un nom aussi compliqué aussi?

“Drystan!” Réussi-t-elle par lancer.  Déchirée entre le soulagement et l’agacement d’être en face d’un Serpentard dans une situation aussi embarrassante.  Littéralement en flagrant délit de stupidité...

Laissant tomber sa baguette, elle fixa le serpentard avec un regard de défit, mais surtout avec amusement.

“Dis-moi tu sors toujours en pyjamas rayé comme ça?  C’est vraiment tout mignon!” Lança-t’elle en riant, prête à tendre la main pour faire un petit bec pincette au blondinet.  Évidemment, elle espérait que c'était un subterfuge suffisamment efficace pour détourner l’attention du blond de sur son cas.  S’il n’acceptait pas… il lui restait effectivement toujours l’option de lui écraser sa batte sur la tête!

C’est avec un plaisir qu’elle ne prit même pas la peine de cacher qu’elle pinça les joues du blond, alors qu’il se laissait faire avec - presque? - plaisir, lui offrant les expressions les plus tordues qui firent littéralement mourir de rire la gryffon.

Les yeux en larme, une fois de plus, et le visage rouge de rire, Winifred jugea que Drystan était un jouet nettement plus amusant que sa bièraubeurre mystérieuse. Il lui fallu donc beaucoup de courage et de détermination pour finalement accepter de cesser de pincer les joues du pauvre Serpentard, alors que celui-ci exigeait, presque, l’aide de la rousse pour se relever. Ah, mais quel grand mou quand même… dire que c’était elle qui débordait de bièraubeurre!

«T’ahéré les roubignol? … tu pourrais peut-être aussi en profiter pour t’ahérer le cerveau, peut-être que ça t’aiderais à faire des meilleurs choix vestimentaires! Et puis pour s’ahérer, faut voler sur un balais, pas se coucher dans le stade!» rigola Fred alors qu’elle remettait le serpentard sur pied, elle-même légèrement molle de sa mésaventure.

Mais aussitôt le blond debout, la gryffondor décida que le sol était un endroit nettement plus intéressant et s’y réinstalla avec la grâce d’un bébé qui rien d’apprendre à se lever. Se couchant par terre en étoile, les cheveux, elle leva une de ses mains dans les airs et pointa ses doigts de son autres, faisant un décompte.

«Lorsque tu sors dehors Dry, tu devrais toujours porté ton chandail. Tu sais, le beau? Avec les jeans, ça fait vraiment bien… et aussi… » perdu dans le fils de ses pensés, Winifred rigola en pensant au fait qu’elle était littéralement en train de parler de style vestimentaire du serpentard. Merlin, elle n’aura jamais été aussi féminine dans sa manière de penser.