"Moi aussi j'étais à Serdaigle. Bien sûr moi j'étais plus jolie, et moins boutonneuse et.."

Hmmmm, très intéressant Mimi. Continue à raconter ta passionnante vie de morte.

Assise sur la cuvette des WCs - les WCs de Mimi - un livre ouvert sur les genoux, Ari tentait tranquillement d'échapper à tout contact humain. Une journée normale pour la brunette. Mais bien sûr, il y avait Mimi. Mimi Geignarde, la gamine qui était morte du PQ accroché à sa chaussure et s'était dit que c'était une bonne idée d'en avoir collé pour l'éternité.

De toute façon, vu le temps qu'elle passait dedans, elle risquait bien d'y finir aussi.

"Eh, tu m'écoutes quand je te parle ? Sors le nez de ce bouquin ou je vais finir par penser que je suis trop laide pour être regardée."

Pas faux.

L'anglaise releva légèrement la tête. Génial, Ugly-Mimi avait éclaté en sanglots. Ari s'éclaircit légèrement la gorge et, dans un geste qu'elle allait amèrement regretter, tenta d'effleurer le corps - qui n'en était pas un - de la Geignarde. Et s'enfonça dedans.

Non, c'était sûr, la jeune fille n'aimait pas cette sensation.

Dans un gémissement inaudible, Mimi la traversa et rejoigna sa cuvette - celle sur laquelle la troisième année était assise, et l'éclaboussa intégralement.

Ses cheveux ? Mouillés. Son corps ? Mouillé. Son livre ? Mouillé. Son sac de cours ? Mouillé. Bon, tant pis pour la lecture tranquille, Ari se contenterait d'un goût acre d'eau des toilettes dans sa bouche.

Soupirant comme bon lui semblait - personne aux alentours ou du moins elles espérait, la fillette était couverte d'eau des toilettes de Mimi - elle se dirigea vers les lavabos. Autant ne pas sentir le cadavre mort lorsqu'elle sortirait.

S'il y a une chose qu'elle voulait éviter, c'était de se faire remarquer. Elle n'avait pas non plus envie d'un surnom à la "Knight toilets edition". Non, c'était déjà assez gênant d'être la soeur cadette de Seth, si en plus elle pouvait éviter d'empester la mort aux rats à des kilomètres à la longue..

"Mimi, Mimi.. Mimi-Cracra oui.."

How to smell:

Ses écouteurs visés dans ses oreilles, les manches de sont T-shirt ample remontées, ses lacets défaits et ses yeux perdus dans l'immensité de Poudlard - même si techniquement elle ne voit que du gauche -, la jeune Annika paraissait être une souris perdue ; ce qui est un comble pour elle puisque ses deux animaux de compagnie sont des chats ! En outre, la demoiselle, perdue, tournait sa tête dans toutes les directions. Elle n'avait pas eu la patience d'attendre un guide qui aurait pu lui permettre de ne pas se perdre. Seulement, son impatience ponctuelle lui avait valu un séjour sans fin dans les dédales de couloir et d'escaliers sans fins.

Habituellement, elle aurait appelé son père pour qu'il vienne l'aider, mais c'est impossible puisqu'il se trouve à des milliers de kilomètres, si ce n'est plus. La petite Annika doit alors se débrouiller d'elle-même, s'orienter avec son sens pourri de l'orientation.
La demoiselle doit se rendre à ce qui devrait être l'accueil, c'est-à-dire son point de départ, pour pouvoir se faire orienter. Sinon, elle craint de se perdre encore et toujours plus... Ce qui ne serait pas tellement surprenant !

Mais bref, revenons-en à nos moutons, en l'occurrence, ici, la nouvelle venue d'Italie. Cette dernière rebrousse l'escalier sur lequel elle se trouve et tombe sur un immense couloir. Elle devra encore marcher - ce serait donc ingénieux qu'elle refasse ses lacets, mais que voulez-vous, la petite a un comportement un peu négligé -.

Dans cet immense couloir, elle se retrouve enfin à une porte un tantinet ouverte ! Le problème ? Des pleurs en sort. Mais la petite entend aussi de l'eau couler. Serait-elle devant les toilettes ? De toute façon, d'après le son des pleurs, c'est une fille qui se trouve dans ces supposés vidangeurs. Devrait-elle donc y rentrer ?

Annika se décide d'y aller, étant curieuse de savoir le pourquoi de ces sanglots. Elle pousse alors la porte lentement, laissant sortir des gonds de celle-ci un bruit sinistrement glauque. Elle passe ensuite la moitié de sa tête en mode "vous ne pouvez pas me voir !" Mais la stupidité de ce geste - car oui, qui que ce soit dans la pièce, cette personne peut la voir - est totalement... comment dire ? Niais ? Bref. De son œil valide, la jeune demoiselle aperçoit une autre fille, peut-être âgée moins âgée qu'elle, en train de faire quoi ? Eh bien non, elle ne la regarde pas comme tout le monde aurait pu le croire ! Elle se fait juste une toilette dans le lavabo. "La chose la plus normale qui puisse se passer dans des chiottes !" pensa la jeune fille. Bah oui, c'est très normal que l'on prenne sa toilette dans des lavabos quelque peu sales, non ?
En tout cas, Annika en fait abstraction, voulant vraiment satisfaire sa curiosité. C'est donc sans surprise que la palôte lance :

" Bonjour ! commence-t-elle avec son accent mi-suédois mi-italien. Comment ça va aujourd'hui ? Et alors, la toilette au lavabo, c'est parce que c'est plus économique que la douche ? "

Tout en parlant - pour dire des choses idiotes, vous l'aurez bien remarqué -, Annika s'approche de l'individu jusqu'à être devant celui-ci. Elle lui lance donc un de ses éternels sourire.

Mais elle était stupide ou quoi ?

S'il y avait une chose qu'Ari ne supportait pas, c'était bien les blondes dont le Quotient Intellectuel avoisinait celui de l'huître. Cela devait être son jour de chance, tiens. D'abord, Mimi pleurnicharde l'avait éclaboussée en se terrant dans son trou - qu'elle y reste ! - redonnant un sens à l'expression "eau de toilette" pour ensuite se faire accoster par une cruche ? C'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase.

Allez, trouves un truc à dire, tu ne vas pas rester là, vautrée comme une serpillière dégoulinante de crasse..

La troisième année sourit timidement, baissant la tête.

Génial, Ari, spirituel, locace, tout ce qu'il fallait.

La bleu et argent entreprit de laver ses cheveux mais rien n'y faisait. Elle allait puer le cadavre malpropre de Mimi jusqu'à la fin de ses jours. Et son livre était fichu. Au point où elle en était, la brunette se dit qu'un peu de magie ne pourrait qu'arranger les choses. Voyons voir, Recurvite, pour son sac, ses affaires, devrait faire l'affaire. Et pour elle ? Pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? Tergeo, voyons. Ari, réfléchis ou regarde comment tu vas devenir !

La jeune Knight jeta un regard en biais à la blondinette qui la regardait toujours. Non, mais vraiment, une douche, et puis quoi encore..

"Recurvite ! Tergeo !" formula la jeune fille à voix basse.

Et puis quel était cet accent ? Pourtant elle aurait dû deviner, son meilleur ami était égyptien. Maintenant propre - alors qu'elle se sentait encore si sale ! - Ariane Knight se retourna vers l'arrivante, tout proche d'elle maintenant et la scruta du regard, prenant bien soin d'éviter le sien. Cela ne sonnait pas égyptien, non, c'était sûr. Pour quelqu'un qui passait ses journées à écouter un magnifique égyptien parler, Ari pouvait affirmer que cela n'avait rien à voir. Et pourtant.. Il y avait bien une petite touche de sud. Espagne ? Portugal ? Italie ? Et en même temps.. Dans sa manière de prononcer bonjour.. Oui, c'était ça, elle devait sûrement avoir un petit côté nordique aussi.

Oh, et puis de toute façon, qui ça intéressait ? Blondy-girly ne devait même pas comprendre le sens du mot intéresser.

"Hm, n-non.. Mim-Mim, altercation, toilettes, eau.."

Verbes, compléments..

Et voilà, c'était à nouveau elle qui passait pour la fille stupide. Pitié, pitié que la nouvelle venue ne reconnaisse pas un air de famille avec son frère, il ne manquerait plus que ça..

Finalement, rassemblant tout son courage, Ari s'éclaircit la gorge. Elle allait mourir de honte, c'était sûr, mais elle ne pouvait pas mourir tout de suite, dans les toilettes où elle croupissait désastreusement.

"Je-Je.. Hmm. Eclaboussée. Pas l'habitude de.. D'eau des toilettes. En.. fait, avec toute l'eau.. Plus cher que.. Hmm, qu'une douche."

C'est vrai que l'économie avait tendance à passionner toutes les blondasses idiotes de l'étage !

La prochaine fois tais-toi, Serdy.