Il jeta sur le plancher la cravate d’un geste rageur. Il enleva son gilet avec violence. Il sorti de ses pantalons en sautillant avec hargne. Tout ça n’allait pas du tout. Il donna un coup de pied exaspéré à la pile de vêtement qui s’amoncelait à côté des éviers des toilettes de Mimi Geignarde. Oui, il avait déménagé toute sa garde-robe dans une salle de bain désaffectée. Non ce n’était pas incongru ou étrange. Tout le monde agirait de la sorte à sa place.

Il n’avait pas le choix : les toilettes chez les poufsouffle étaient invivables ! Ce grand flanc-mou de Teddy râlait sans arrêt en se lamentant qu’il prenait trop de temps à se préparer et monopolisait le miroir. Ça c’était sans parler d’Oz qui semblait juger pertinent de lui donner des conseils vestimentaires simplement parce qu’il avait parfois du goût. Bref, pour être en mesure d’élaborer le look parfait, il avait dû s’exiler. Les toilettes de Mimi Geignardes n’étaient peut-être pas du grand luxe, mais au moins on y avait la paix.

Leo regarda sa montre. Mince, il n’avait plus grand temps. Et il était encore en caleçon, le pied droit dans une flaque d’eau, à se demander ce qu’il allait porter. Il n’aurait pas dû se mettre autant de pression, il le savait, ce rendez-vous ne voulais sûrement rien dire, mais c’était plus fort que lui. Il devait être à son meilleur. Après tout, ce n’était pas tous les jours qu’on avait un rendez-vous galant avec un membre du corps professoral. Et que ce membre était Aglae Nutcombe, nommée par le Lockhart & Hogwart volume 3 numéro 10, enseignante de Poudlard la plus sexy, ex aequo avec Evelyne Elwood. Mais Nutcmbe était moins intimidante, plus accessible et surtout, beaucoup moins mariée que la prof de DFCM. Ça augmentait de manière exponentielles les chances que ce rancard aboutisse de façon délicieusement croustillante.

Non ce n’était pas de l’acharnement de sa part ni un positivisme absurde. Avec son charme et le look idéal, ses chances avec Nutcombe étaient tout à fait respectables. Un rancard d’abord (et par rancart il voulait dire qu’il s’était fait collé en retenu pour avoir essayé de soudoyer les portraits du corridor nord pour qu’il lui rapporte des ragots sur l’enseignante de potion), un rancard donc, était l’occasion idéal de faire valoir sa qualité et de mettre une fille dans sa poche. Tout le monde le savait. Si seulement il pouvait trouver le look idéal pour la faire craquer !

Purpy, élégamment vêtu de ses caleçons et de ses chaussettes se fit un sourire dans le miroir fêlé. Oui, c’était déjà dans la poche. Ce soir il goûterait au poison défendu de Nutcombe.

Attention les yeux chastes:

Très occupé à pratiquer son sourire désarmant dans le miroir, c’est seulement en entendant un petit rire dans son dos que Leo prit conscience qu’il n’était pas seul. Le rouge lui monta au joue. Qui osait rire de son corps d’apollon ? À moins que ce ne soit un rire timide d’une jeune fille rougissante, impressionnée par son charme ? C’est ça, petite, rinces-toi bien l’œil ! Profites de la Purple-Perfection !

-Hem... Je peux t'aider?

L’aider ? Et puis quoi encore, c’est lui qui l’aidait à retrouver le moral. Une fille qui se rend aux toilettes de Mimi, elle fait ça pour venir pleurer sur ses malheurs. La pauvre avait sûrement le cœur brisé par un rustre écoliers et PAF! Alors que cœurs et espoirs d’idylle étaient en miette, la voilà qui tombait sur le prince charmant dans le lieu le plus improbable qui soit. Il se retourna d’un bloc, le sourire radieux, prêt à désarmer de son sex-appeal resplendissant la mignonne en peine d’amour.

Son sourire se figea quand il la reconnue. Mignonne, ça elle l’était. Des yeux comme les siens, c’était difficile à battre. Mais pour la princesse déçue en quête d’un galant, on repasserait. Alice Carroll n’était définitivement pas ce genre de fille. Mentalement, il essaya de rassembler tout ce qu’il savait sur elle. Serdaigle, plus âgée que lui, un peu bizare avec une obsession pour ce livre moldus dont il n’arrivait jamais à se souvenir du nom, exotique aussi… française, non ? Il y avait autre chose aussi, mais il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus…

- J'imagine que je peux t'être utile?

Avant même qu’il n’ait eu le temps de répliquer quoi que ce soit, Carroll s’était jetée sur ses vêtements. Il la regarda d’un air horrifié. Mais qu’est-ce qu’elle foutait ? Pour fouillait-elle dans ses fringues ? Elle cherchait un déguisement ? Elle… Leo écarquilla les yeux et son sourire s’élargit. Voilà. Voilà ce dont il n’arrivait plus à se souvenir sur la jeune Serdaigle. Avec Eliott, elle était certaine la plus chic et branché de Poudlard. Par les couilles de Merlin, c’était son jour de chance. Un souper romantique avec la plus jolie des enseignante ET sa propre styliste pour lui concocter un look d’enfer.

En deux enjambés, il fut au côté de Carroll et se mit à parler sans même reprendre son souffle.

- Alice- je peux t’appeler Alice? Alice, ma douce, ma chérie, mon ange. Tu dois ABSOLUEMENT me sauver la vie. J’ai un rencart avec A-… Non! Se reprit-il l’air théâtrale avant d’ajouter avec un clin d’œil complice, je ne peux pas te dire avec qui j’ai un rencart, mais sache que c’est le coup du siècle. Elle est brillante, respecté, sublime, bien foutue… Enfin, tu vois c’que je veux dire ! Je dois avoir la classe pour la voir et qu’elle voit à quel point on est fait l’un pour l’autre. Alice, ma colombe, mon sucre d’orge, ma déesse, je souhaite que tu fasses de moi un prince !

Tout en déblatérant avec frénésie, Leo soumettait des morceaux de vêtement à l’œil critique d’Alice.

- Tiens, que dis-tu de ça? et de ça ? Pourquoi pas agencé avec ça ? Et ce chapeau! Il est géant ce chapeau ! Je veux absolument porter un chapeau ! Tu penses que je dois aussi mettre un nœud papillon ? Qu’est-ce que tu penses de celui-ci ?

Spoiler: