Hanae & Jihoon

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Deux semaines, trois jours et trente et une heure.  C’était depuis ce nombre de temps qu’Hanae était arrivée au Royaume-Unis.  Il était donc facile de croire qu’aux yeux de tout le monde - et franchement peut-être même aux yeux d’elle-même, elle n’avait l’air que d’une pauvre touriste paumé cherchant son chemin à toutes les deux minutes, le nez rivé sur son portable, google map étant devenue littéralement l’extension de son cerveau.

Plusieurs fois depuis qu’elle était arrivée elle s’était demandé pourquoi elle avait posé son choix ce sur pays.  Qu’est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête, devenir programmeuse… tsss pourquoi n’était-elle tout simplement pas resté au Japon pour ça, ses chances aurait été quintuplé… mais voilà, elles auraient tout aussi bien pu être à néant vu l’emprise que ses parents avaient sur sa vie.

Elle soupira, replaçant son sac sur son épaule lorsqu’un soudain sifflement qu’elle ne connaissait que trop bien l’alarma.  Se jetant au sol - remerciant des réflexes qu’elle ne se connaissait vraiment pas - Hanae leva les yeux pour voir une sort s'écraser lamentablement contre le mur d’un édifice juste en face d’elle, alors que derrière elle, la coréojaponaise (ouais.), pouvait entendre le ton monter.

Toujours par terre, elle se redressa, regardant, alarmé, deux sorciers visiblement en rogne (mais elle ne comprenait pas trop pour quoi… maudit accent incompréhensible), en train de s’envoyer des sorts par la tête, en plein centre de Londre.  Autours d’eux, les moldus, tous plus stupides les un que les autres s'aggloméraient autours de la bataille, comme des mouches autours d’une lumière en pleine nuit.

Durant l’espace d’un instant, sa main se porta naturellement à sa poche, où sa baguette dormait bien fermement.  Chassant vite cette idée, elle se redressa, restant planté au centre de la rue, hésitant à intervenir alors qu’elle ne comprenait rien, mais surtout, parce qu’elle n’avait absolument pas envie d’utiliser sa baguette.

Elle restait donc là, stupidement figée, dans le chemin à observer des sorciers se battre alors qu'elle n'avait eu qu'une envie en quittant le Japon: fuir le monde magique.  Autours d'elle, le monde semblait soudainement s'animer et s'énerver, tout bougeait à une vitesse effroyable et tout ce qu'elle réussissait à faire était de cligner des yeux, ne comprenant qu'un mot sur 20 de ce qui se déroulait autours d'elle.

Malgré elle, sa main se serra contre sa baguette, dans la poche de sa veste.

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Malgré certaines conceptions, il est rare que le ministère soit aussi organisé que prévu. En général, dans son département, ils sont constamment enfouis sous les tonnes de requêtes et ne sont réveillés que par les beuglantes qui préviennent d’un évènement un peu plus important : en général, lorsqu’ils doivent se déplacer. C’est toujours bien sympa, Ji Hoon observe ses collègues s’agiter avec un certain amusement posé sur le visage : ils ne prennent temps à rien, et eux se plaignent du sorcier qui semble vivre dans un état vacancier perpétuel. à quoi sert-il de se presser? Pour quelques secondes qui ne font aucune différence. Malgré son flegme, il n’a jamais failli dans son travail : tout simplement parce que même s’il a l’air décontracté, il prend son travail avec un sérieux sans égal, et qu’il possède une capacité d’anticipation à toute épreuve : il sait à quelle vitesse faire les choses pour être ni en avance, ni en retard. Juste à l’heure pile.

“On doit aller où ?” demande son compagnon, qui n’a apparemment pas écouté le message. Ils doivent se rendre en plein centre de Londres. “Ils ne pensent pas aux travailleurs, hein? C’est pas eux qui vont devoir ensorceler 100 moldus. AU MOINS. On est pas rentré je te le dis, Ji Hoon” Il acquiesce sans dire un mot, connu pour être le silencieux de la bande, sauf quand ce qu’il a à dire est important. Et alors, il est concis, direct, et ne se perd pas en élucubrations inutiles. Il rejoint rapidement ses collègues en transplanant, un peu plus loin de la scène. Ils connaissent tous particulièrement bien le centre de Londres : étonnamment, beaucoup de sorciers trop peu avisés décident d’y créer des scènes. Qu’ils sont obligés de venir nettoyer. Cela ne dérange pas particulièrement le jeune homme : c’est son travail, après tout. Et alors que les autres rechignent, il s’y applique dans un silence de plomb.

Ils ont des directives, pour s’occuper de ce genre de situation. Après des années dans le travail, c’est presque de la routine, quelque chose d’automatique et de mécanique : alors que certains s’occupent de régler le conflit le plus vite possible, lui reste sur le côté. Il n’a pas tâche d’arrêter l’accident, mais ne s’y arrête pas si jamais on a besoin de lui. Heureusement ici, ce n’est pas le cas, et s’il vient prendre sa baguette en main à un moment, par précaution, les sorciers sont vite arrêtés. Il faut agir vite. Passer d’un moldu à l’autre, ne pas oublier les têtes, ne pas en laisser échapper un. Ils savent y faire. La mémoire impressionnante de Ji Hoon lui sert dans ces moments là. Et bientôt, il s’arrête devant une jeune femme, prêt à lui lancer un sortilège d’amnésie.

Il s’arrête cependant. Lance un regard vers sa poche. “Qu’as-tu là ?” demande-t-il avant de venir croiser ses yeux à nouveau. Ils sont immenses. Elle est asiatique, mais elle n’a pas l’air coréenne. S’il pouvait parier, il choisirait japonaise.

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De plus en plus de gens commençait a arriver sur la scène et Hanae jugea que c’était certainement le temps pour elle de prendre la poudre d’escampette.  Franchement, avec son anglais plus que piètre (plus genre TROLL), ce n’était vraiment pas le moment pour elle de se faire prendre à vagabonder sur une scène magique…  Si l’angleterre était aussi stricte que le japon, leur équipe d’auror et d’oubliator étaient certainement en route prêt à intervenir et c’était vraiment la dernière chose qu’elle voulait voir… d’autres sorciers.  Comme si elle était venu à Londre pour voir la puissance magique des sorciers anglais… well no.  Elle était venu fuire ce monde là, pas se le faire remettre en plein visage constamment.

Dans un soupire, elle s’apprêtait finalement à faire demi tours lorsqu’on l’interpella.  Elle n’avait eu le temps que de baisser la tête et, finit par se maudit d’avoir cogité aussi longtemps sur la scène alors que ce qu’elle espérait ne pas vivre arriva.  Un grand mec en robe de sorcier c’était pointé en face d’elle, sa baguette à la main.  Son accent parfait, la baguette légèrement pointé vers elle, Hanae sur le coup se gonfla d’indignation alors qu’elle levait farouchement la tête pour planter son regard dans celui du sorcier en face d’elle, n’ayant littéralement compris qu’un seul mot dans cette si courte phrase qu’il venait de dire, elle siffla de frustration comme elle entendait si souvent sa mère faire «aasshii» alors que sa main continuait de serrer sa baguette.

C’était qui ce beau grand mec anyway qui était en train de la menacer de sa baguette.  C’était qui ce beau grand mec ÉVIDEMMENT ASIATIQUE qui était en train de la forcer à utiliser la magie, à devoir lui montrer qu’elle n’avait pas besoin de se faire effacer la mémoire.  IL ÉTAIT QUI POUR SE PERMETTRE TOUT ÇA?

Frustré, elle dévisagea le brun des pieds à la tête en marmonnant:

«Anata wa dareda to omoimasu ka? Chōdo okotte. Assshii…. »
(Who do you think you are?  just piss off.)

Puis elle tourna des talons.  Elle n’allait pas le laisser gagner comme ça, elle n’allait pas montrer au monde entier qu’elle était une sorcière.  Elle n’avait pas besoin de justifier sa présence sur cette scène à personne… elle ne leur devait RIEN voilà!

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Il n’apprécie pas la façon qu’elle a de le regarder de la tête aux pieds. Il lève un sourcil, pourquoi a-t-elle l’air aussi vexée ? Il se dit que son intuition doit être juste : elle doit tenir une baguette, sans sa poche. Et il était sur le point de l’oubliater. Il l’entend marmonner, mais ne comprend pas un mot de ce qu’elle raconte, il croit entendre des sonorités japonaises et n’a jamais étudié le langage. Intérieurement, il se félicite d’avoir si bien deviné ses origines, il s’améliore sur le sujet, mais s’arrête court lorsqu’elle se retourne et comme à partir. Oui, non, ça ne va pas le faire s’il laisse un des témoins partir de la scène sans s’être assuré qu’il fait bien partie de la communauté magique. Il aurait des problèmes au ministère, et sa réputation de travailleur sérieux en serait entachée. Même si, honnêtement, ce n’est pas tant sa réputation qui l’intéresse sur cet aspect. Seulement, il n’aime pas faire les tâches à l’à peu près : il fait bien, ou il ne fait pas.

“Ministère de la magie, ne vous éloignez pas !” dit-il en anglais à nouveau, mais apparemment ça n’a pas l’air de la phaser même un petit peu. Il s’approche d’elle et vient poser une main sur son épaule, il n’aime pas forcément engager de contact physique avec des inconnus mais là, la situation l’oblige. “Je ne peux pas vous laisser partir” Il laisse un soupir s’échapper, et murmure un aigoo dans sa barbe. Il a l’impression que cette fille ne va pas se laisser faire mais tant pis : il n’est pas contre un peu de confrontation. Il vient se mettre à nouveau face à elle, pour bloquer son chemin. Et si elle est un moldu, il n’aura qu’à effacer toute trace de cette conversation, ce n’est pas trop grave. Comme elle n’a pas l’air de comprendre ce qu’il raconte (ou fait semblant de), il pointe sa poche du doigt. Histoire qu’elle comprenne qu’elle doit montrer ce qui y est. Et vite.

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“Ministère de la magie, ne vous éloignez pas !”

Quelques mots lui semblaient familier dans cette courte phrase, mais sur le coup, Hanae n’en avait cure, elle voulait surtout le plus rapidement possible quitter la scène magique et retourner dans la frénésie de la ville.  Et puis avec son anglais minable, il aurait fallu que le mec du ministère s’adresse autrement qu’en anglais.  Méditant tranquillement sur la nationalité - vraisemblablement asiatique - du sorcier et se demandant si elle aurait pu essayer de s’exprimer dans son piètre coréen (celui qui faisait parfois honte à sa mère tant elle ne le pratiquait pas suffisamment… parce qu’évidemment elle ne connaissait que le slang et les insultes, pas de quoi parler à un aîné quoi) lorsqu’une main se posa sur son épaule.

Hanae se mit alors à voir rouge… noir… mauve, well toutes les couleurs.  Frustré qu’il ait osé se permettre de la confronter d’un contact physique sans sa permission alors qu’il allait se placer devant elle, lui bloquant le chemin, elle entendit à peine le aigo qu’il souffle alors qu’il pointe sa poche.  QUOI QUOI, qu’est-ce qu’il veut encore?  Son argent?  Son vieux coat de jeans?  Enfin c’était quoi cette situation complètement agressante?

Plus têtue qu’une mule, Hanae repoussa la main de l’oubliator d’un geste assuré, les sourcils froncés avec un air de défit sur le visage.  Dans un mouvement souple et rapide, elle sortit sa baguette de sa poche, la pointant sur le nez de l’oubliator, alors qu’elle bouillonnait de rage. Elle était frustré, voir plus.  Elle qui ne voulait plus utiliser la magie se retrouvait à confronter un employé du ministère anglais simplement parce qu’elle avait voulu avoir la paix?  C’était quoi ce pays de merde d’abord?  Quel avait été son erreur?  Être là au mauvais endroit, au mauvais moment?  Ne rien comprendre à l’anglais?  Être sorcière?

Ouais. Être sorcière…. La pire plaie de son existence.

Bouillonnant toujours de rage Hanae n’eut pas le temps de s’en vouloir d’avoir sortie sa baguette.  Sa main serré sur son abjecte baguette qui avait détruit ses rêves, elle siffla:

« Watashi wa okotte itta... Anata wa reigi tadashiku suru hōhō o shitte inai nodesu ka? Anata wa, josei ga nani o iwanakereba naranai koto o tsuneni kikubekidesu... Sore wa Igirisude wa dono yō ni hataraku nodeshou ka? Jinjja jaesu eobs-eo »
*I said to piss off... don't you know how to be polite?  You should always listen to what a lady have to said... isn't how it works in the United-Kingdom? You’re such a jerk

Ça avait été plus fort qu’elle.  Si Hanae ne jurait que très rarement en japonais, elle s’en donnait à coeur joie, naturellement, en coréen… entre autre parce que bon, entre elle et vous, les japonais ne comprenaient majoritairement jamais de ce qu’elle les injurait dans sa barbe dans la langue de sa chère mère.

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Insolente. Il reste calme, mais tout de même, il voit déjà à la tête de l’inconnue qu’elle va lui donner du fil à retordre. Comme à chaque fois que la situation est compliquée, les coins de sa bouche descendent un peu. Pourtant, il reste calme, il est sur son lieu de travail (ou tout du moins, en fonction), et ne doit absolument pas faire preuve d’autre chose que du professionnalisme. Si seulement elle pouvait sortir ce qu’elle a dans sa poche, ça irait quand même plus vite.

Elle lui touche la main, il fait quand même une petite grimace devant son attitude. Elle ne semble lui accorder aucun respect, et peut-être vraiment qu’elle ne comprend pas l’anglais, pour ne pas avoir tressailli à la mention du ministère. Une étrangère, sûrement, qui ne connaît pas la façon de fonctionner des anglais. Il ne peut pas lui en vouloir. Sauf qu’il ne connaît pas un mot de japonais, ça ne les aide pas. Il a à peine le temps de formuler cette pensée que la baguette de l’inconnue est pointée contre lui. Ses réflexes sont aussi bons qu’un auror, et il sort sa propre baguette, prêt à la désarmer s’il le faut. Quelle inconsciente ! Les employés allaient devoir refaire un tour, histoire de s’assurer que personne n’avait vu “deux personnes se pointer un baton dans le visage” !

Elle l’insulte, dans sa langue maternelle. Cette fois, il n’a pas besoin de bouger les lèvres, mais lance un sortilège d’expelliarmus pour qu’elle lâche la baguette. Du coin d’oeil, il avait déjà vu un de ses collègues demander s’il avait besoin d’aide. Il gèrerait. Il ne la croit pas dangereuse, mais il ne peut pas non plus la laisser agir comme ça avec lui en toute impunité. On appelle son nom, “hé JOUNE, ya un problème ?” il lâche un petit rrrr, lâchant son attention pendant un moment.

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Elle était furax…. Frustrée, honteuse.  Une tonne d’émotion d’habitait en même temps alors qu’elle tenait entre ses doigts sa baguette.  Honteuse d’avoir été pris en flagrant délit d’impulsion, honteuse de ne rien comprendre de ce qui sortait de la bouche de l’homme en face d’elle, furax d’avoir sortit sa baguette alors qu’elle s’était promis de ne plus jamais l’avoir utiliser.  Mais voilà, elle avait vu rouge… il l’avait poussé à bout, il n’avait fait aucun effort de la comprendre, il l’avait toucher sans permission et il l’a regardait de haut.  Fine… il était plus grand qu’elle mais vraiment, ce n’était pas une raison…

Instinctivement son regard se posa sur sa montre… elle allait être en retard elle- …

Elle n’eut pas le temps de penser plus longtemps que sa baguette lui sautait des doigts.  Sa baguette qu’elle s’était plus tôt promis de ne plus jamais utiliser.  Sa baguette qui avait été son seul moyen de défense contre un monde entier qu’elle ne comprenait pas… cette baguette qui finalement avait toujours été là pour elle.  Well, cette fameuse baguette vola dans les mains du grand brun en face d’elle et Hanae fut une fois de plus habité d’une tonne de sentiment qu’elle ne semblait plus du tout contrôlé.

WTF qu’était devenue sa vie?  

Levant les bras en signe de forfait, elle s’exprima dans un mélange d’anglais, de japonais et de coréen (puisqu’il lui avait semblé le voir tiquer à son insulte typiquement coréenne) et lança tout en reculant lentement, visiblement désespété et à bout:

«Da joh-a… you know what? Chōdo sore o tamotsu… naneun gyeolko wanted watashi no tsue anyway!»
*Okay, tu sais quoi, gardes-là.  Je n’ai jamais voulu de baguette de toute manière!

Elle tourna les talons et pourtant, un sentiment de panique s’empara d’elle.  Elle n’avait jamais voulu être sorcière… elle détestait foncièrement l’idée d’avoir quitté sa vie de moldus pour apprendre la magie… mais maintenant qu’on lui volait sa baguette un sentiment d’impuissance et de peur s’emparait d’elle.  C’était ça le monde au UK?

Si elle avait su, elle serait resté au japon.

Resserrant nerveusement ses bras autours d’elle, elle jetait des coup d’oeil autours d’elle… soudainement tout le monde semblait être une menace imminente.  Dans sa poche maintenant froide, sa baguette n’était soudainement plus là pour la rassurer.

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Malgré l’inattention, il avait réussi à attraper la baguette de la jeune femme. Le contraire aurait été une vraie honte : sûrement se serait-il fait railler par ses collègues, et aurait passé un peu de temps à s’entraîner à ses sorts de base chez lui, au chaud. Tout s’était heureusement déroulé comme prévu, et c’est dans une impassivité totale qu’il range la baguette de la jeune femme dans sa poche, tout en la fixant dans les yeux. Voir comment elle va réagir. Ose-t-il le penser ? La voir si énervée pour rien du tout (ou pour des raisons qu’il ignore), le remplit d’une petite excitation. Il ne saurait pas la nommer, la décrire, ni l’expliquer, mais elle a une tête et une attitude qui donnent envie d’aller encore un peu plus loin dans la provocation. Qu’elle se mette par terre à pleurer et à taper des poings, comme un enfant. Rien de méchant, elle l’amuse c’est tout.

Elle lève les bras et il lève un sourcil, vaguement intéressé par ce qui se passe. La nonchalance à l’état pur, Ji Hoon, on peut pas faire mieux. Il attrape quelques bouts d’anglais et de coréen, essaie de faire sens de la phrase sans le reste qu’il ne comprend pas, mais il n’arrive pas à grand chose. Et elle se retourne. Pendant quelques secondes, il ne fait rien, histoire de voir si elle va vraiment partir sans sa baguette, devant un employé du ministère, dans un ultime doigt d’honneur au système anglais. Mais que ferait-elle, sans ça ? Il la trouve surprenante, et reste perplexe devant son attitude qui ne semble avoir aucun sens.

Il attend, les pieds fermement posés dans le sol. Mais il ne la quitte pas du regard. Il aperçoit sa posture, qui change : il est étonnamment bon pour repérer ces changements minimes d’attitude chez les gens. Il la sent presque sans défense, comme un agneau, et de toute façon n’avait pas prévu de la laisser s’en tirer à si bon compte. Rapidement, de grandes enjambées, il raccourcit la distance qui les sépare. Il tousse et parle en coréen, puisqu’elle semble avoir des notions, et qu’elle n’avait pas eu l’air de comprendre son anglais. “Je vous rends votre baguette. Mais il faut faire attention, vous êtes étrangère, non? Je ne sais pas comment ça se passe chez vous, sûrement pas très différemment mais… Ne sortez pas votre baguette en public” Un demi sourire vient se poser sur son visage “et ne la dirigez surtout pas vers un agent du ministère. quelqu’un de moins clément que moi aurait pu vous amener en détention” Il s’arrête un moment, la détaille, les traits de son visage, et sort la baguette de sa poche. “C’est à vous. Vous en aurez besoin, ne laissez pas de folles idées vous persuader du contraire. Et puis j’en ai déjà une, c’est bien gentil mais aujourd’hui n’est pas mon anniversaire.” Il plisse les yeux, semble regarder dans le vide un instant, et se reprend. Pendant un instant, il avait oublié sa date de naissance. “Non, non, vraiment, aujourd’hui, il n’y a rien.”