Il était prêt de minuit et l’observatoire d’astronomie était baigné de la seule lumière des étoiles et de la Lune. Se tenant dans le silence le plus total, Adele était assis au sol, dos contre la grande fenêtre, extrêmement occupé à décorer un service à thé qu’il avait trouvé dans un placard. Du bout de sa baguette, il réparait les morceaux ébréchés, siphonnait les vieilles fioritures en porcelaine ternies et s’appliquait à en créer de nouvelles, au gré de son inspiration.
Sa vie à St-Barnaby s’était révélée bien plus épuisante que ce à quoi il s’était attendu. Il ramait pour survivre aux cours, avait trouvé le moyen de se dégotter une copine droguée à tendance brutale qui le mettait dans tous ses états, subissait occasionnellement les foudres de Shoshana, devait supporter Padraig dont il commençait à redouter un viol, se faisait bouffer tout cru par la cougar journaliste du village mais aussi par une écolière de Poudlard pro sang-pur et au détour d’une rue, avait même cru voir passer l’ombre de May, la tarée de son village natal.
Le bilan de sa vie à Stornoway était on-ne-peut-plus remplie à ras-bord de drames et de passions en tout genre pour Adele qui se noyait la bouche ouverte. Il avait désespérément besoin d’être seul.
Concentré sur sa tâche, il créait des petites pattes à ses tasses qui se mirent à gambader joyeusement. Elles lui montèrent sur les bras avant de s’empiler sur ses épaules comme pour se tenir chaud dans la grande salle d’astronomie, vide et froide. Adele bougeait si peu, tendait la main tout au plus pour prendre une tasse ou une soucoupe entre ses doigts qu’il ne risquait pas de faire tomber les tourelles de porcelaine fraîchement repeintes de ses épaules.
Il était très minutieux. Son visage était d’un calme olympien et quiconque le côtoyait au quotidien lui aurait trouvé l’air triste sans son habituel grand sourire d’idiot. Ce qui était faux. Il était parfaitement heureux dans le silence. Il ne prononçait les formules magiques qu’en pensée et seul le cliquetis des tasses qui s’empilait ou se baladaient sur ses bras rompaient le silence total.
Il avait de plus en plus envie de passer la nuit ici. A la pensée de retourner dans son dortoir où l’attendait Padraig, il ne s’en trouva que plus épuisé encore. Peut-être même qu’il était encore parfaitement éveillé, inquiet de son absence. « Tu aurais pût prévenir que tu ne rentrais pas cette nuit, je me suis fait un sang d’encre ! J’ai alerté toute l’école et j’ai envoyé un hibou à tes parents pour les prévenir !... » Raaah, il en était bien capable ce fou-furieux.
Il trouvait incroyable la capacité des gens à s’agiter bruyamment pour un rien. Et décidément, il n’y avait que la nuit où il pouvait s’arracher un peu aux griffes du quotidien harassant.
Une tasse particulièrement abrutie grimpa le long de son bras, contourna la tourelle de porcelaine anglaise et enroula son anse à l’oreille d’Adele, perché dans le vide, ses petites pattes nageant dans le rien.
Il devait avoir l’air particulièrement niais ainsi rhabiller de porcelaines, à essayer de respirer le moins fort possible, immobile et pâle comme un fantôme pour ne pas risquer de briser son service à thé vivant.
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RP libre ! Attention Adele est pas très causant ici et sans doute très vulnérable ! Vous pouvez débarquer et péter ses tasses pour le faire pleurer ou colorier vos mandalas OKLM avec lui, c'est comme vous voulez, c'est libre et ouvert à toutes vos idées de scénarios !